« J’ai fait l’expo que j’ai toujours rêvé de voir ici. » nous raconte le dénommé Oli de son vrai nom Olivio Ordoñez, inséparable de son frangin Florian dit Bigflo.
Ils forment le tandem de jeunes rappeurs-lyricistes-instrumentistes sûrement le plus connu et adoré de Toulouse et mieux que ça, d’Occitanie et même de France et au-delà de nos frontières ! Leur est tombé dessus aussi, et s’ajoutant à leur gloire, le “radio-crochet“ mythique The Voice ! Et voilà maintenant, Oli commissaire d’exposition dans un des plus beaux musées d’art contemporain de France, Les Abattoirs. Ce sera SA capsule temporelle aussi démesurée que ses premières pages dans Wikipedia.
On dit bien les, car l’aîné étant rarement loin de son frère, ce sont bien les responsables et coupables de l’expo la plus furieusement rafraîchissante du moment mise en place pour six mois au Musée les Abattoirs de Toulouse. Pour la directrice du lieu, Lauriane Gricourt, s’est assurément LE ticket gagnant avec le choix pour ce nouveau concept de confier les clés à un artiste hors sérail si pétri de talents divers. Après la déambulation dans les salles participant à l’exposition, on se demande bien s’il pouvait y avoir un meilleur endroit tellement l’adéquation entre les caractéristiques du lieu et tout ce que l’on découvre présenté par le musicien nous interpelle.
La liste des artistes retenus est impressionnante. Avec des productions originales de certains artistes mais aussi des œuvres de certains, déjà dans le Musée. Toulouse a été la capitale française du graf ‘et Street art ces dernières années avec un passé qui remonte aux années glorieuses. Le Musée étant qualifié de Musée d’art contemporain, on ne s’étonnera pas qu’Oli ait, dans les réserves, put se réjouir de sélectionner des œuvres d’un Keith Haring – découvert à New-York, car la famille est ouverte au monde– Raymond Hains, Sam Francis et des dizaines d’autres. On le sait, le Musée a des réserves conséquentes et donc, l’occasion est originale pour le public d’en profiter à partir de cette louable et bienvenue initiative.
Merci Oli d’avoir même sélectionné un Daniel Spoerri, venu en ces murs pour un vernissage il y a quelques années, et maintenant disparu. Même un François Morellet, lui aussi disparu, adepte du mouvement Supports/Surfaces. Oli possèderait un Keith Haring-bravo !- artiste du graf qui, à New-York se réfugiait si souvent chez le fils Florent, de Morellet, dans son resto le plus iconique des années 85-90, baptisé Florent, ouvert 24h sur 24h, c’est sûr, loin du kebab qu’Oli a insisté pour présenter dans une des salles. Et comme Keith travaillait surtout la nuit ! Coïncidence…
D’autres œuvres pourraient nous faire tout autant voyager, ou nous interroger tout autant que papa Fabian Ordoñez peut le faire devant un Pierre Soulages. On apprécie le clin d’œil avec maman Patricia Ordoñez croquée par Andy Warhol, bien plus émouvante que sa voisine de salle. Finalement, l’expo concoctée par Oli est bien comme une très revigorante affaire de famille. Qui n’oublie pas dans son bilan artistique un certain Claude Nougaro présent dans l’expo à plusieurs reprises. Et, par ricochet, Toulouse. On se souvient d’un de leurs premiers clips : Fiers d’être toulousains, encore collégiens !
On n’est pas tellement étonné de la réussite, à coup sûr, de la proposition quand on constate la réussite sur le plan musical car, là, il faut bien dire, Oli, c’est Bigflo & Oli, les fils Ordoñez, ce tandem qui remplit des stades de fans, omniprésent dans le monde du rap depuis presque dix ans, par la musique et l’écriture, la poésie pas loin, avec cette curiosité chevillée à la pupille toujours pétillante, comme pleine d’étoiles, doublée d’une affabilité que je qualifierai de… familiale, il ne peut en être autrement.
De plus, Oli a conçu une programmation culturelle qui court jusqu’à la toute fin de l’exposition avec des événements, des concerts – on n’oublie pas qu’il est d’abord musicien, comme toute la famille d’ailleurs, des ateliers, des performances, des conférences, des projections : il faudra se munir du calendrier édité à cet effet (le flyer est prêt).