Avocat commis d’office à Philadelphie, Justin Sykes était promis à une belle et lucrative carrière avant qu’il ne fasse passer la morale avant la déontologie professionnelle.
Désormais, il enchaîne sur un rythme de stakhanoviste les affaires minables, activité qu’il résume parfaitement : « Je défends des gars qui s’exhibent devant des enfants, qui cambriolent des magasins de spiritueux et je les aide à naviguer dans le système judiciaire pour qu’ils retrouvent la liberté aussi vite que possible. » Les négociations avec un procureur-adjoint, aussi incompétent qu’imbu de lui-même, n’arrangent pas le moral de notre homme.
Puis, un jour, survient l’une de ces offres que l’on ne peut pas refuser. Par l’entremise de l’un de ses clients, il rencontre un dénommé Marcus, solide et mystérieux gaillard à la tête d’un club de striptease. Ce dernier lui propose de donner une fois par semaine, durant une heure, des conseils juridiques à ses stripteaseuses. Tarif : 1000 dollars de l’heure. Petite contrainte : il faut dormir la nuit suivante dans le motel d’en face qui appartient aussi à Marcus…
Roman noir et satire sociale
Le titre du nouveau roman d’Iain Levinson n’est pas trompeur même si, bien sûr, derrière ce simple énoncé surgissent une intrigue et des implications plus complexes. Entre le roman noir et la satire sociale, Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques installe une atmosphère, plante des caractères et des décors. L’humour n’est pas négligé. On recueille à l’occasion des enseignements utiles : « Un beau costume peut réduire une peine de plusieurs années. »
Révélé dès son premier roman, Un petit boulot, l’auteur d’Un voisin trop discret porte ici un regard désabusé sur le système judiciaire américain. Le mensonge et la corruption règnent en maîtres. Les idéalistes sont priés de voir ailleurs. Pour autant, Levinson n’encombre pas récit d’un pesant discours. Le rythme et les rebondissements priment. Difficile de bouder son plaisir à la lecture de ce livre en attendant sa probable adaptation cinématographique.
Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques • Liana Levi