Abondance de récitals ne peut nuire, bien au contraire
Il n’y a pas que les opéras au Théâtre du Capitole. On se doit de feuilleter toute la brochure et repérer tous ces autres moments qui vous attendent. Les plus malins ont déjà pris leur disposition. Mais, revoici un petit pense-bête pour cet automne 2024.
Tout d’abord, le samedi 23 novembre à 16 h au Théâtre du Capitole en écho à la création mondiale de son troisième opéra Voyage d’automne, Bruno Mantovani l’un des plus importants compositeurs français de notre temps, nous invite dans Autres Voyages à explorer les différentes facettes de son écriture absolument foisonnante, un musicien vraiment protéiforme. Et ce, avec un Concerto de chambre n° 2 composé en 2010 et une pièce intitulée Da Roma de 2005. Dans ses compositions, Bruno Mantovani se plonge avec gourmandise dans nombre de genres musicaux et s’inspire aussi régulièrement d’œuvres musicales du passé pour créer des pièces éminemment actuelles. J’ai en tête Time stretch, une œuvre originale (créée en 2006) en référence à celles de Carlo Gesualdo, compositeur italien. On n’oublie pas son autre passion qui est aussi de diriger un orchestre.
Les deux œuvres présentées ici dialoguent avec des compositeurs “phare“ du XXè. Luciano Berio va par exemple rendre hommage, avec O King de 1967, à Martin Luther King dans une progressive énonciation musicale de son nom. Arnold Schönberg va esquisser avec son Pierrot lunaire daté de 1912 le passage d’une atmosphère fin de siècle à cette esthétique nouvelle qui bientôt révolutionnera le langage musical sans perdurer pour autant. Pour cela, il dirige les musiciens de l’Ensemble Orchestral Contemporain avec la participation de la soprano Hélène Walter.
Le premier en date du mercredi 20 novembre, 20h, c’est Stéphane Degout. Il nous aura à peine quitté après sa prestation en Eugène Onéguine ce mois de juin qu’il nous revient pour un somptueux récital de mélodies françaises de Duparc et Fauré et de lieder dont Quatre chants sérieux de Brahms, et de Schumann les Liederkreisop. 24. Quand musique et poésie s’imbriquent de la sorte, on s’incline d’autant que notre baryton adulé est accompagné par un pianiste tout autant auréolé, un certain Alain Planès : c’est peu dire.
Gabriel Fauré (1845-1924)
Automne (Armand Sylvestre)
Clair de Lune (Paul Verlaine)
Tristesse (Théophile Gautier)
Les berceaux (René François Sully-Prudhomme)
Robert Schumann (1810-1856)
Liederkreis op. 24 (Heinrich Heine)
- Morgens steh’ ich auf und frage
- Es treibt mich hin
- Ich wandelte unter den Bäumen
- Lieb’ Liebchen
- Schöne Wiege meiner Leiden
- Warte, warte, wilder Schiffmann
- Berg und Burgen schaun herunter
- Anfangs wollt’ ich fast verzagen
- Mit Myrten und Rosen
Gabriel Fauré
- L’Horizon Chimérique (Jean de la Ville de Mirmont)
Entracte
Henri Duparc (1848-1933)
La Vie antérieure (Charles Baudelaire)
Sérénade (Gabriel Marc)
Chanson triste (Jean Lahor)
Élégie (Thomas Moore)
Extase (Jean Lahor)
Johannes Brahms (1833-1897)
Vier Ernste Gesänge / Quatre Chants sérieux op. 121 (textes bibliques)
- Denn es gehet dem Menschen wie dem Vieh
- Ich wandte mich, und sahe an
- O Tod, wie bitter bist du
- Wenn ich mit Menschen- und mit Engelszungen
Elle fut une Norma au plus haut niveau il y a cinq ans ici même et depuis la voilà réclamée sur les plus grandes scènes lyriques. La scène “capitoline“ a mis le feu à sa carrière, osons-le. La soprano lettone Marina Rebeka, grand lirico coloratura, fait un passage sur la scène du Théâtre le dimanche 1er décembre à 16h dans un programme à découvrir, accompagnée par le piano de Mzia Bakhturidze. Côté opéras, les plus grands rôles sont à ses pieds. Elle a enfin cédé à celui d’Elizabeth de Valois dans Don Carlo de Verdi de même qu’à Desdémone dans l’Otello toujours de Verdi. On est très sensible à sa venue. Il n’est pas non plus interdit de l’espérer, qui sait, dans Elizabeth !
Son programme est constitué de mélodies d’un seul compositeur, Sergueï Rachmaninov (1873-1943). Le choix est fait dans les quelques dizaines au total, isolées ou en recueil, écrites dans ses années russes car on n’en retrouve pas, à ce jour, postérieure à 1916, quand il part en exil après la Révolution d’Octobre. Ce fut pareil pour le volet Musique de chambre. L’op.14, de 1896, comporte douze chants ; l’op. 21, douze, composés en 1900 ; l’op. 26 composé durant l’été 1906, quinze et l’op. 34 en 1912, quatorze et il termine en 1916 avec l’op. 38 et ses six chants. C’est pareil pour les œuvres chorales, toutes d’avant 1916, mis à part les Trois Chants populaires russes de 1926 pour chœur et orchestre.
Ne poy krasavitsa pri mne / Ne chante pas, ma beauté, op. 4 n° 4
One otvechali / Ils répondirent, op. 21 n° 4
V molchan’i nochi taynoy / Dans le silence d’une mystérieuse nuit, op. 4 n° 3
Ne ver’ mne, drug / Ne me crois pas, mon ami, op. 14 n° 7
Elegiya / Élégie, op. 3 n° 1 (piano seul)
Siren’ / Lilas, op. 21 n° 5
Ya zhdu tebya / Je t’attends, op. 14 n° 1
Noch’ pechal’na / La nuit est triste, op. 26 n° 12
Rhapsodie sur un thème de Paganini, op. 43, variation 18 (piano seul)
Dissonance, op. 34 n° 13
Entracte
Vocalise, op. 34 n° 14
Otryvok iz A. Myusse / Fragment d’A. de Musset, op. 21 n° 6
Prelyudiya / Prélude, op. 32 n° 12 (piano seul)
Noch’yu v sadu u menya / La nuit dans mon jardin, op. 38 n° 1
K ney / À elle, op. 38 n° 2
Margaritki / Marguerites, op. 38 n° 3
Krysolov / Le preneur de rat, op. 38 n° 4
Son / Rêve, op. 38 n° 5
Ay ! / Ah ! op. 38 n° 6
Vesenniye vody / Eaux de source, op. 14 n° 11
Les Midis du Capitole sont devenus des moments incontournables au Théâtre du Capitole à 12h 30. Pas encore l’émeute mais cela ne saurait tarder. Une heure de récital pour un coût qu’on n’ose même pas citer. Et sans bousculade puisqu’on peut réserver et acheter son billet à l’avance. Cela s’appelle respecter le public, n’est-ce pas ?
Adèle Charvet, notre dernière Cendrillon, ouvre les festivités, accompagnée par Florian Caroubis. C’est pour le mercredi 27 novembre , donc à 12 :30.