Lionel Dray et Clémence Jeanguillaume sont de retour sur les planches ! Avec « Madame L’Aventure », le duo arpente de nouvelles contrées artistiques. Le spectateur rencontre Jean-Pierre, un aventurier en devenir, et Madame L’Aventure, une muse arborant différents visages. Cette pièce foisonnante et très musicale sera présentée au théâtre Garonne, du 14 au 26 novembre 2024. À cette occasion, Culture 31 a échangé avec les artistes.
Culture 31 : Après l’absurde avec « Les Dimanches de Monsieur Dézert »et l’énigme avec « Ainsi la Bagarre », vous partez à l’aventure avec « Madame L’Aventure ». D’où vient cette envie d’explorer ce genre du récit d’aventure ?
Lionel Dray : Elle est née après « Ainsi la Bagarre ». On avait fait tout un travail autour de l’exil. L’exil d’une présence, de soi-même… À la suite de ça, l’aventure s’est posée en contrepoint de ce sentiment là. En fait, dans « Ainsi la Bagarre », on avait travaillé sur l’histoire de la piraterie. Il y a beaucoup de pirates qui, au moment de l’Inquisition, ont dû s’exiler. Notamment des pirates juifs. Ce grand récit nous avait intéressés pour le spectacle. Et puis cette idée est restée là pour « Madame L’Aventure ». Cette notion de jouer avec les forces du destin et voir ce qui va advenir. D’un point de vue très formel, « Ainsi la Bagarre » était un monochrome, et avec « Madame L’Aventure », on voulait aussi explorer la couleur.
Parmi vos matériaux de départ pour créer ce spectacle, on retrouve notamment « Don Quichotte » et « Le Mont Analogue ». Que vous ont insufflé ces œuvres ?
Lionel Dray : « Don Quichotte » nous a insufflé énormément de choses, à la fois structurelles et narratives, mais aussi toute la question du nom. L’importance de la transformation de son nom au sein de l’aventure. Il y a également la notion d’initiation, qui est présente dans tous les récits d’aventure. Je dirais que c’est surtout ça. Et, chez « Don Quichotte » encore, on peut relever toute l’importance du jeu de mot. C’est-à-dire du langage caché. Ça a été très important dans l’écriture de la pièce, ce qu’on peut entendre dans un mot. Par exemple, quelque chose de secret, on peut comprendre que c’est une chose cachée, mais on peut aussi entendre que c’est une chose qui se crée.
En quelques mots, comment présenteriez-vous vos personnages, Jean-Pierre l’aventurier et Madame L’Aventure ?
Lionel Dray : Jean-Pierre, c’est une figure masculine. Un être qui est pris dans son désir d’ailleurs, de se risquer à quelque chose de nouveau.
Clémence Jeanguillaume : Avec Madame L’Aventure, j’incarne plusieurs mondes, plusieurs créatures, avec des forces un peu basiques de l’humanité comme l’amour, la mort, ou même l’érotisme. C’est davantage une allégorie de l’aventure qu’un vrai personnage. Jean-Pierre, lui, sera toujours Jean-Pierre, mais il va se transformer d’une aventure à une autre.
En parlant de métaphore, le résumé dit : « Jean-Pierre s’abîme sur le damier pendant que Madame L’Aventuremène la danse ». Si votre création était une danse, laquelle serait-elle ?
Clémence Jeanguillaume : Un tango, parce qu’il y a un principe d’échange. Recevoir un appui et le rendre. Il y a aussi ces côtés féminin et masculin qui sont très équilibrés et assis dans leurs principes.
Une fois encore, avec ce spectacle, vous maniez aussi bien les formes que les sons et la matière. À quoi ressemble une répétition de votre duo ?
Lionel Dray : Si l’on est au cœur de la création, c’est comme un grand dîner entre amis. C’est-à-dire que l’on va tout préparer – que ce soit des matières, des idées formelles ou un principe de musique – et après on passe au plateau. Notre manière de travailler est très empirique. C’est un grand bouillon, un grand mélange de tous ces éléments là. C’est aussi extrêmement improvisé, intuitif, chaotique… On se connaît bien, c’est pour ça qu’on peut le vivre comme ça tous les deux.
À qui s’adresse « Madame l’Aventure » ? Avez-vous un « public cible » avec ce nouveau spectacle ?
Lionel Dray : Non, c’est pour tout le monde. On a un souci dans nos œuvres – enfin, ce n’est pas vraiment un souci, ça se fait naturellement – de ne pas être cryptique. Quand bien même on a une manière de travailler qui est plutôt de l’école du collage, du montage comme au cinéma. C’est sûr que c’est une forme dans laquelle il n’y a pas vraiment de linéarité. On s’en réfère davantage à l’agencement du rêve, de l’onirisme. De fait, dans ce voyage là qui est proposé, je pense qu’un enfant peut tout aussi bien se laisser porter qu’une personne très âgée. Il n’y a pas de préalable nécessaire au fait de recevoir cette pièce. Comme pour la plupart des œuvres, je l’espère.
Depuis 2023, le théâtre Garonne vous accompagne en tant que producteur. Cette aventure-là, comment se passe-t-elle ?
Lionel Dray : Ça a été super ! Ce principe là d’aventure, il s’est étendu à cette manière de travailler avec Clémence. De nouvelles élaborations musicales, plastiques, scéniques… Avec le théâtre, il y a ce qu’il se passe au plateau, mais avoir une prod’ avec qui ça se passe bien, c’est aussi extrêmement important. De fait, ça a été une grande aventure avec le théâtre Garonne, dans la manière dont ils nous ont aidé, dont ils nous ont suivi, et dont ils nous suivent encore. Ça a été une aventure très agréable.
Propos recueillis par Inès Desnot
théâtre Garonne
du jeudi 14 novembre au mardi 26 novembre 2024
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