Kenny Barron, un maître du jazz aux Grands Interprètes
Le lundi 18 novembre, à 20 heures, le pianiste Kenny Barron se produira en trio à La Halle aux Grains dans le cadre de la programmation des Grands Interprètes.
Avec Herbie Hancock, Kenny Barron, né en 1943 à Philadelphie, est l’une des dernières légendes du piano en activité dans le monde du jazz. S’illustrant de 1962 à 1967 dans le quartet de Dizzy Gillespie, il a aussi accompagné des grands noms comme Stan Getz, Freddie Hubbard, Chet Baker, Benny Carter ou Ornette Coleman tout en inaugurant une carrière solo dès 1967 avec l’album You Had Better Listen. Il s’illustre encore au sein du groupe Sphere, cofondé en 1977 avec le contrebassiste Buster Williams, auquel se joignent le batteur Ben Riley et le saxophoniste Charlie Rouse. Le quartet reprend le répertoire de Theolonius Monk (l’une des inspirations majeures de Barron) tout en signant des compositions originales inspirées par l’auteur de ‘Round Midnight.
Nommé neuf fois aux Grammy Awards, au fil d’une discographie comprenant une cinquantaine d’albums, Kenny Barron fait partie de ces jazzmen n’ayant pas été insensibles aux influences latines, caribéennes ou brésiliennes (Cf. entre autres les disques Sambao et Canta Brazil). Ce découvreur de jeunes talents sait également s’entourer de musiciens chevronnés (on songe notamment à Charlie Haden, Dave Holland, Daniel Humair ou Roy Haynes). Remarquable compositeur, Barron se révèle aussi à l’aise dans la relecture du répertoire et des classiques que dans l’expérimentation. En témoigne par exemple le surprenant et éblouissant Swamp Sally, sorti en 1996, réalisé avec le percussionniste et multiinstrumentiste français Mino Cinelu. Autre pépite dans sa riche carrière : The Traveler (2008) sur lequel s’illustrent les voix d’Ann Hampton Callaway, de Grady Tate et de Gretchen Parlato.
Élégance et énergie
Le dernier album en date de Kenny Barron, Beyond This Place, sorti en mai 2024, reflète la variété de ses inspirations et de ses talents. Sur les neuf titres, le pianiste déploie son swing au gré de ballades (superbes Innocence et Beyond This Place) et de rythmes plus enlevés à l’image du thème Scratch aux accents monkiens, déjà enregistré en 1985 avec Dave Holland et Daniel Humair et dont le bop lorgne sur le free jazz. Trois reprises – la ballade The Nearness of You (Hoagy Carmichael, Ned Washington), Softly As in a Morning Sunrise (Oscar Hammerstein II, Sigmund Romberg) interprété sur un tempo rapide et We see, une composition de Theolonious Monk – sont aussi de la fête.
Sans surprise, on retrouve sur cet album le bassiste Kiyoshi Kitagawa et le batteur Johnathan Blake, deux pointures formant depuis plusieurs années la section rythmique du pianiste, et nul doute que Beyond This Place devrait fournir une partie de la performance toulousaine du 18 novembre à La Halle aux Grains. Un concert à ne pas rater tant Kenny Barron incarne une part de l’histoire du jazz et que son élégance, sa délicatesse et son énergie demeurent inimitables.