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Les Ephémères d’Andrew O’Hagan

by Anthony del Puerto

Ecosse, été 1986, un groupe d’amis réunis autour de Tully Dawson, doté d’« un charisme naturel » et d’« une collection de disques exceptionnelle », décide de se rendre à Manchester afin d’assister à un festival où se produira la fine-fleur de la New Wave : Jesus and Mary Chain, The Fall, New Order… Noodles (le narrateur), Tibbs, Limbo, Hogg, Clogs et donc Tully n’oublieront pas ce week-end.

Ni la performance des Smiths (« Le groupe était à son apogée, romantique et injurieux, féroce et sublime ») à l’Haçienda, le mythique club de Manchester. Lorsque l’on a entre dix-huit et vingt ans, voici des souvenirs pour la vie.

Andrew O’Hagan © Jon Tonks
Andrew O’Hagan © Jon Tonks

Ces jeunes gens vivent de musique, de livres et de cinéma.

Ils ont des citations et des dialogues de films plein la bouche, cultivent le goût des listes et des classements. Le Parrain n’a pas de secrets pour eux. Le football n’est pas non plus une chose négligeable. Margaret Thatcher leur donne des envies d’ailleurs. Trente ans plus tard, chacun a tracé son chemin. Seul Limbo a fait faux bond. Il est mort en 2002 en emportant avec lui « un monde de fous rires ». Un jour d’automne 2017, Tully apprend à Noodles qu’il est atteint d’un cancer incurable et qu’il ne lui reste que quatre mois à vivre.

Un vieil et cher écho

Sorti en cette rentrée littéraire et sixième roman de l’Ecossais Andrew O’Hagan traduit en France, Les Ephémères met en scène autour du tandem Tully / Noodles des « garçons faits de soleil » face au temps qui passe.

Ils pensaient que leur existence serait « en lien avec le passé, les vieux de la bande toujours dans les parages », mais la mort s’est invitée plus tôt que prévu. Si l’issue réservée à Tully est annoncée, on ne dévoilera pas les ressorts de la seconde partie de ce roman, manière de stèle à l’amitié.

Il y a dans Les Ephémères une nostalgie à couper au couteau, une tendresse et une émotion qui ne virent jamais au pathos. A une époque où la technologie « a anéanti notre sens du bien commun », mieux vaut se réfugier dans le monde d’avant à la recherche d’« un vieil et cher écho ». Cependant, le temps presse pour Tully qui « n’attendait jamais des gens qu’ils soient meilleurs qu’ils ne l’étaient ». Alors on chante Atmosphere de Joy Division dans une église ou l’on court sur un terrain de foot avec « le sourire du champion ». Goodbye old friend…

Christian Authier

>  Un livre pour le week-end


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