Acteur désormais incontournable de la culture à Toulouse, l’institution de la rue des Chalets, dont la vocation est l’enseignement de l’espagnol et la diffusion de la culture hispanophone, présente une rentrée particulièrement riche. Tour d’horizon avec Luisa Fernanda Garrido Ramos, directrice de l’Instituto Cervantes de Toulouse.
La première partie du cycle « Anatomie du franquisme », comprenant une exposition et un colloque, s’achève le 22 septembre, avant un second volet en 2025 consacré aux transformations de la société espagnole. Quel premier bilan tirez-vous et que peut-on attendre pour la suite ?
Il est encore un peu tôt pour dresser un premier bilan avant la clôture où sera présent le secrétaire d’Etat de la Mémoire démocratique d’Espagne – car le gouvernement espagnol est partenaire de ce projet – pour une cérémonie au Musée départemental de la Résistance et de la Déportation. Alors, nous ferons le bilan et envisagerons les projets pour l’année prochaine qui ne sont pas encore finalisés, mais cette première phase a été très satisfaisante avec l’exposition au Musée ainsi qu’avec les conférences et les projections de films. Pour nous, c’est important d’avoir pu mettre en place cet événement avec des partenaires comme le Musée départemental de la Résistance et de la Déportation et l’université Toulouse-Jean Jaurès. Cet intérêt pour l’histoire de l’Espagne montre l’implication de la ville de Toulouse sur les thèmes de l’exil et de la mémoire.
Voici quelques jours a eu lieu le vernissage de l’exposition de photographies de Judith Prat, « Brujas » (Sorcières), qui se poursuit jusqu’au 31 octobre dans le cadre également de Cinespaña et de Une Saison photo à Toulouse. Comment est née cette idée ?
Marie-Laure Cazeaux, notre responsable des activités culturelles, a rencontré l’artiste et découvert son projet. Cela nous a paru une exposition importante car elle montre des portraits de femmes d’aujourd’hui des deux côtés des Pyrénées tout en évoquant la situation des sorcières dans le passé. Dans le cadre du festival Cinespaña, un cycle de films autour du thème des sorcières aura lieu. Par ailleurs, lors du vernissage, nous avons été surpris par le nombreux public présent, ce qui montre que l’intérêt est réel.
Une autre exposition sera consacrée de novembre à février au photographe Nicolás Muller.
C’est un photographe espagnol d’origine hongroise très connu qui s’est particulièrement intéressé à la vie quotidienne des travailleurs, des ouvriers. La plupart des photographies qui seront exposées sont inédites et c’est grâce à la fille de l’artiste, Ana Muller, en charge du fonds de l’artiste décédé en 2000, que l’on pourra découvrir cet aspect de l’œuvre de Nicolás Muller à travers des photos prises en Hongrie, en Espagne, au Portugal ou en France.
La quatrième édition de la Journée du cinéma espagnol aura lieu le 6 octobre. Quelle est la vocation de cette manifestation ?
Elle est de montrer la vitalité du cinéma espagnol qui est relativement reconnue en France, mais cet événement se déroule le 6 octobre à l’échelle mondiale dans les institutions culturelles représentant l’Espagne et a donc une visibilité supérieure. A l’étranger, on connaît les films de Pedro Almodovar, d’Isabel Coixet et d’autres, mais nous choisissons pour cette Journée des films plus anciens de façon à montrer des œuvres parfois moins connues et qui appartiennent au patrimoine cinématographique espagnol. En l’occurrence, cette année, le film retenu, Siete mesas de billar francés, est relativement récent puisqu’il a été réalisé par Gracia Querejeta en 2007 tandis que Cinespaña proposera, toujours le 6 octobre, des films plus anciens.
Dans le cadre de votre partenariat avec Cinespaña, il y aura la venue le 8 octobre de l’écrivain Antonio Iturbe pour une conférence et la projection du film d’André Malraux Espoir, sierra de Teruel.
L’auteur invité a une carte blanche et Antonio Iturbe a choisi ce film notamment en raison du lien avec son dernier roman récemment traduit en France, Les Princes du ciel, qui met également en scène des aviateurs. Après la projection du film se tiendra une conférence avec l’auteur. En outre, le 26 septembre, nous mettrons à l’honneur un autre ouvrage, La Dame d’Elche, un destin singulier, que les auteurs – Marlène Albert Llorca et Pierre Rouillard – viendront présenter. D’ailleurs, Toulouse est jumelée avec la ville d’Elche où fut découverte cette statue qui est la plus célèbre de l’art ibérique. Par le biais de l’archéologie, cette rencontre autour de la Dame d’Elche s’inscrit dans nos activités autour de la science. Ainsi, au mois de novembre, nous proposerons une conférence sur les pinsons des Galapagos. Une jeune scientifique espagnole nous parlera de ses recherches sur la façon dont ces oiseaux font face au changement climatique.
Côté musical, un concert du guitariste et chanteur Kiko Ruiz est prévu le 12 décembre.
Cela nous paraissait idéal de terminer l’année 2024 avec un concert. Kiko Ruiz, très connu à Toulouse, est un magnifique guitariste et il se produira en compagnie de trois autres musiciens.
Une dimension peut-être moins connue des activités culturelles de l’Instituto Cervantes est celle concernant les enfants et la jeunesse. Cela va des activités théâtrales à des spectacles…
Nous avons en effet des ateliers de théâtre pour les enfants qui ont lieu jusqu’au mois de juin – nous lançons en octobre des ateliers pour adultes – et qui rencontrent un grand succès. De nombreux cours sont déjà complets. Par ailleurs, nous présenterons le 23 novembre dans le cadre du festival Marionnettissimo le spectacle « Mon aile » de la compagnie Yifan. Cela mêle le cirque, les marionnettes, le théâtre et s’adresse à un jeune public comme aux plus grands. Auparavant, le 6 novembre, nous accueillerons en collaboration avec le festival Locombia un spectacle spécifiquement pour enfants « Paola, petites histoires d’Amérique latine ».
Outre la poursuite d’« Anatomie du franquisme », y a-t-il déjà des événements prévus pour 2025 ?
Nous préparons le programme pour l’année prochaine, mais tout n’est pas encore arrêté. Comme d’habitude, il y aura une exposition dans le cadre de Cinélatino et des collaborations avec nos partenaires traditionnels. Nous pensons également organiser quelque chose autour de la Journée internationale des femmes.
Au-delà de l’activité de l’Instituto Cervantes touchant aux cours de langue, que diriez-vous à un Toulousain pour le convaincre de venir ici ?
Je lui dirais qu’il faut venir ! Notre activité culturelle est très variée, très diverse, et elle donne une vision assez complète – par le cinéma, la littérature, le théâtre, la musique… – de l’Espagne contemporaine comme de l’histoire de l’Espagne. Ici à Toulouse, l’Espagne est très présente, des liens ont été noués et je crois qu’il est bon pour un Toulousain ou quelqu’un qui habite à Toulouse ou en Haute-Garonne de connaître cet aspect. Puis, pour ceux qui veulent vraiment approfondir le sujet, nous avons des outils indispensables comme notre bibliothèque. L’Instituto Cervantes de Toulouse possède ainsi le fonds le plus important sur l’exil républicain après la Bibliothèque nationale d’Espagne. Plus globalement, nous sommes vraiment au cœur des activités culturelles de Toulouse en synergie avec de nombreuses institutions.
Apprendre l’Espagnol ou approfondir ses connaissances
L’Instituto Cervantes dispense des cours de langue (cours éligibles au CPF), auprès de 400 à 500 élèves chaque année, à travers toute une gamme à des rythmes et des niveaux différents : cours semestriels ou annuels de « langue générale », cours intensifs sur une période d’un mois, cours spécialisés… Parmi ceux-ci, des cours sont destinés aux enfants de 9 à 11 ans, d’autres à des étudiants qui s’apprêtent à poursuivre leur cursus en Espagne et qui ont besoin d’améliorer leur niveau linguistique. Toujours dans les cours spécialisés, plusieurs embrassent la sphère culturelle au sens large – « Culture espagnole », « Culture espagnole et hispano-américaine », « Littérature hispanique » – au gré de thématiques qui changent chaque année en permettant d’approfondir un aspect précis. Se fondant sur la participation des élèves, privilégiant l’oralité, très riches et très ouverts, ces cours demandent toutefois un certain niveau linguistique tout comme les cours « Expression orale » et « Espagnol de la radio ».
Une offre en ligne assez importante est également mise à disposition, notamment pour les élèves qui ne vivent pas à Toulouse. Signalons enfin que les diplômes d’espagnol DELE de l’Instituto Cervantes, qui certifient le degré de maîtrise de la langue, sont reconnus internationalement tandis que des professeurs peuvent pour leur part suivre une formation spécifique afin de devenir examinateurs. De l’apprentissage à l’excellence, du plaisir à la compétence, l’Instituto Cervantes répond au désir d’apprendre sous toutes ses facettes.
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