Alors que s’approchent les dernière semaines et jours de l’été, on ne trouvera pas lecture plus pertinente et consolatrice que celle du roman d’Arnaud Le Guern, paru en 2015, qui invite le lecteur à une virée estivale sur les bords du lac Léman.
Poésie, grâce et sensualité sont au rendez-vous. Ecrivain, éditeur, chroniqueur dans des journaux ou des revues choisies, Le Guern s’est trompé d’époque et cultive une roborative nostalgie d’un temps – les années cinquante, soixante et soixante-dix – qu’il a raté de peu et qu’il ressuscite au gré de ses diverses activités.
Inlassable passeur, il évoque à la pointe douce et amoureuse actrices, chanteuses ou écrivains de ces seventies encore insouciantes. Fan de tous les irréguliers brûlant leurs vies, des hussards, des dandys, des insolents, de la Nouvelle Vague, il a consacré des essais admiratifs à Jean-Edern Hallier et Paul Gégauff, écrivain oublié (que Le Guern réédita aussi) et surtout scénariste de quelques-uns des meilleurs films de Chabrol.
Petits luxes, alcools et volupté
Après un premier roman, Du Soufre au cœur paru en 2010, Arnaud Le Guern revint au genre avec Adieu aux espadrilles, évocation sensuelle, poétique et esthétique des étés passés par le narrateur et sa douce sur les rives du lac Léman.
Voici Évian, ville balnéaire qui « prend la forme de nos intimes virées », précise l’écrivain égrenant le programme – « petits luxes, alcools et volupté » – d’une dolce vita qui ne veut pas rendre les armes. Célébrant les « contours flous » du monde d’avant et les raisons très actuelles de ne pas désespérer, ce petit livre vif et tendre que l’on lit lentement pour en faire durer les éclats possède la grâce d’un été qui ne finirait pas.
Adieu aux espadrilles • éditions du Rocher