Pour son premier film de fiction, la réalisatrice et scénariste indienne Sandhya Juri s’inspire d’une histoire vraie et tend un miroir sans concession à son pays. Pour ce faire, elle utilise une fiction mettant en scène Santosh, la jeune femme d’un policier récemment décédé dans l’exercice de ses fonctions.
La loi permet alors à la veuve d’endosser le métier de son mari disparu selon le processus de la nomination compassionnelle. Santosh accepte et se trouve prise sous l’aile protectrice de Sharma, une inspectrice à l’expérience bien trempée. Premier dossier, la mort d’une jeune indienne, mineure, de caste inférieure.
Nous allons suivre pas à pas cette enquête qui va rapidement se transformer en thriller, d’une part, et d’autre part en véritable documentaire sur l’état calamiteux de l’Inde d’aujourd’hui. Entre corruption à tous les étages, machisme autant institutionnel que culturel, misère ahurissante, fracture sociale abyssale, racisme, conflits religieux, effrayant système des castes, la réalisatrice trace ici un tableau d’une violence quasi insoutenable.
Porté par deux comédiennes exceptionnelles : Shahana Goswami (Santosh) et Sanjay Bishnoi (Sharma), ce film, interdit aux moins de 12 ans, n’est pas des plus optimistes non seulement sur la nature humaine mais également’ sur cette civilisation de près de 1,5 milliard d’âmes dont le quotidien est loin des cartes postales bollywoodiennes dont nous abreuvent les agences de voyage et les palais fastueux des maharadjas. Ce film, quasiment ethnologique, nous en donne un éclairage suffisant pour dissuader les plus téméraires des voyageurs.