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Le Dernier Tango à Paris de Bernardo Bertolucci

by Anthony del Puerto

Impossible d’évoquer de nos jours le film de Bernardo Bertolucci, sorti en 1972, sans revenir sur les polémiques liées au tournage et à la célèbre scène où le personnage interprété par Maria Schneider est violé par celui campé par Marlon Brando.

A l’époque, la séquence va participer au succès et à l’aura sulfureuse du long-métrage. Depuis #MeToo et les nombreuses affaires liées aux abus sexuels à l’encontre des femmes dans le monde du cinéma, cette scène – en partie non simulée – symbolise une ère révolue.

Dernier Tango

L’intrigue du Dernier Tango à Paris est mince. A Paris, un quadragénaire américain et une jeune Française se retrouvent par hasard pour visiter le même appartement. Ils font aussitôt l’amour sans même échanger leurs prénoms (ce qui sera la règle dans leur relation future). Leurs ébats, toujours plus brutaux, se poursuivront jusqu’à une issue fatale…

Transgression 

Plus de cinquante ans après, que reste-t-il du Dernier Tango à Paris ? Pas grand-chose sinon sa dimension sociologique, notamment à travers des images d’un Paris qui n’existe plus et le témoignage d’un temps où les sociétés occidentales s’enivraient de libération sexuelle et de transgressions.

Sans surprise, le cinéma de l’époque s’approprie ces nouvelles libertés et repousse les limites de ce que l’on montrait à l’écran. Dans des genres différents, Orange mécanique de Stanley Kubrick, Les Chiens de paille de Sam Peckinpah ou Délivrance de John Boorman (sortis entre 1971 et 1972) incarnent ce mouvement tout en comportant chacun une scène de viol extrêmement crue.

Engagé à l’extrême-gauche, Bertolucci – qui a notamment réalisé Prima della revoluzioneLa Stratégie de l’araignée et Le Conformiste – surfe quant à lui sur une sexualité débridée happée par la pulsion de mort.

Eros et Thanatos, l’incommunicabilité entre les individus, le poids des milieux sociaux : tous les clichés sont convoqués.

La musique sirupeuse du saxophoniste Gato Barbieri contraste avec la noirceur du propos. Marlon Brando, qui vient de retrouver son statut de star à succès avec Le Parrain de Coppola, donne la réplique à une Maria Schneider à l’allure de femme-enfant.

On retrouvera la comédienne trois ans plus tard dans un autre film emblématique des années 1970 : Profession : reporterde Michelangelo Antonioni.

Christian Authier

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