La Police est décidément dans la ligne de mire des réalisatrices de cinéma. Après l’étourdissant Santosh de l’Indienne Sandya Suri mettant en vedette une enquêtrice obstinée, voici le premier long distribué en France de l’Israélienne Maya Dreifuss.
Cette dernière met également en scène une enquêtrice, Daphna, soulevant le voile peu reluisant d’une petite ville du Nord d’Israël.
Daphna est connue pour sa pugnacité et son obstination. De plus elle est clairement douée.
Tellement douée d’ailleurs que ses supérieurs la trouvent « gênante » et l’ont mutée de Tel Aviv à Afula où, en principe, elle doit faire moins de vagues. Erreur ! Alors qu’elle a en main un smartphone retrouvé dans un champ de maïs, Daphna réalise très vite qu’il appartient à une reine de beauté locale, Orly.
Tentant de le lui rendre, elle écume tous les contacts et comprend rapidement que la jeune Orly a disparu depuis pas mal de temps mais que finalement tout le monde s’en moque éperdument. Il ne lui en faut pas plus pour conclure que l’histoire est un peu plus compliquée qu’en apparence.
Mais voilà, Orly est la jeune veuve d’un soldat tué au combat, fils d’une famille très puissante dans la région. Plus elle avance dans l’enquête et plus ses supérieurs vont lui « conseiller » de voir ailleurs ce qui se passe… Daphna perçoit alors la collusion entre ladite famille et la Police…
Maya Dreifuss, au travers de ce thriller par moments angoissant, trace non seulement le portrait attachant d’une policière pas forcément exemplaire mais d’une pugnacité hors normes, excellemment interprétée par Tali Sharon, mais aussi nous peint le tableau sans concession d’un pays rongé par la corruption.
Les seconds rôles sont au cordeau, d’une vérité quasi documentaire. Maya Dreifuss souligne aussi dans ses plans la pauvreté généralisée, la rudesse de ces régions quasi désertiques, l’âpreté des relations sociales, le poids des traditions. Remarquable par son économie de moyens autant que par la densité des émotions qu’il véhicule, un film à ne pas louper !