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Brazil de Terry Gilliam

by Anthony del Puerto

La sortie en 1985 du troisième film en solo de l’ex-membre des Monty Python Terry Gilliam, après Jabberwocky et Bandits, bandits, fut un coup de tonnerre.

Diffusé aux Etats-Unis dans une version tronquée par les producteurs, Brazil le fut dans la version du metteur en scène en Europe et il séduisit autant la critique que le public en devenant presque instantanément une œuvre culte.

On vit en Gilliam un digne successeur de Kubrick, un créateur visionnaire de premier plan.

Par la suite, il ne tint pas toutes ses promesses, se heurta souvent aux studios et malgré des réussites perdit de son souffle. Brazil fait presque figure de premier film pour l’Américain tant Jabberwocky et Bandits, bandits étaient encore très imprégnés de l’univers des Monty Python.

Bien sûr, l’esprit du groupe britannique est présent ici (Gilliam y était notamment chargé au sein des Monty Python des scènes d’animation), en particulier par l’humour mêlant non-sens et absurde, mais le cinéaste réussit à créer un monde dystopique au confluent d’Orwell et de Kafka avec des influences formelles venues aussi bien de l’expressionnisme que du surréalisme.

Brazil

Burlesque et noirceur

Dans une société futuriste totalitaire et bureaucratique, secouée cependant par des attentats terroristes aveugles, Sam Lowry, modeste fonctionnaire au ministère de l’Information, découvre qu’un certain Archibald Buttle a été arrêté (et tué) par erreur en étant pris pour Archibald Tuttle, ingénieur-chauffagiste indépendant et terroriste.

Tentant de régler administrativement un problème de trop-perçu auprès de la veuve Buttle, Lowry rencontre la femme qui hante ses rêves : une dénommée Jill Layton, voisine des Buttle et n’ayant guère de sympathie pour le régime en place…

L’une des trouvailles de Gilliam (et de ses coscénaristes Charles McKeown et Tom Stoppard) est d’avoir inventé un monde reprenant des traits autant du capitalisme que du communisme où l’hyper-industrialisation, le consumérisme, la modernité technologique, la surveillance et le contrôle vont de pair.

La mise en scène séduit par la virtuosité des travellings, l’alternance des focales, l’art du montage.

Evoquant par moments le slapstick, la BD et même la comédie musicale, Brazil marie l’onirisme au pur burlesque, la rigueur millimétrée des gags à la noirceur profonde du propos.

Autre audace : pas de stars au générique (sinon Robert De Niro dans un petit rôle certes décisif), mais Jonathan Pryce et Kim Greist que l’on découvrait. La folie et le cauchemar imaginés par Terry Gilliam se savourent sur un air de samba. Un cocktail explosif.

Christian Authier

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