Le premier long signé par ce duo ne doit pas nous faire oublier que Chad Chenouga a réalisé auparavant De toutes mes forces (2013) et Le Principal (2023). Et comment oublier le talent de ce réalisateur tant son acuité de ton, sur des thèmes difficiles, nous a séduits ?
Son association avec Christine Paillard donne-t-elle le même résultat ? Pas vraiment. Le scénario nous met dans les pas d’un trio tout ce qu’il y a de moins assorti. Jugez-en. Wisi (Jean-Paul Zadi, toujours parfait) « joue » le réfugié sans papiers afin de s’attirer les bienfaits des ONGs locales. Jérôme (Raphaël Quenard, cynique à souhait) est un fainéant hors norme, vivant au crochet de la société. Ces deux parasites vont se rencontrer autour du grand cœur d’une humanitaire, Marina (Emmanuelle Devos, plus vraie que vraie dans ce rôle).
Alors qu’elle se démène, ignorant leurs subterfuges, pour les aider, les deux jeunes hommes vont finir par s’apprivoiser et même s’entraider d’une manière plus que politiquement incorrecte…
Ce film évoque le milieu associatif dans toute sa grandeur et sa fragilité. Il creuse aussi le sillon des aides multiples que notre Hexagone dispense sans compter. Il trace surtout le portrait de deux êtres fracturés par une solitude qui les conduira à l’impensable.
Ce n’est certainement pas le jeu des acteurs qui est en cause ici, ils sont tous parfaits, y compris une Judith Magre venimeuse et touchante à la fois. C’est plutôt l’arc narratif qui manque de ressort et se perd dans des scènes pas vraiment indispensables. Chad Chenouga nous a habitués, en solo, à un cinéma autrement maîtrisé.
