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Les Fraises sauvages d’Ingmar Bergman

by Anthony del Puerto

Sorti en 1957, la même année que Le Septième Sceau qui valut au cinéaste suédois un succès et une notoriété mondiales, Les Fraises sauvages est parmi les œuvres marquantes de Bergman l’un de ses films les plus accessibles. A 78 ans, l’éminent professeur de médecine Isak Borg s’apprête à se rendre à l’université de Lund pour une cérémonie couronnant sa brillante carrière.

La veille, un rêve étrange et funèbre confronte le vieil homme à sa propre mort. Sa belle-fille, Marianne, se propose de l’accompagner durant le long trajet en voiture menant Borg à l’université, un trajet qui sera l’occasion pour lui de se pencher sur sa propre existence.

Fraises Sauvages

Si le titre du film désigne le coin d’un bois où, dans ses jeunes années, le personnage et ses amis allaient cueillir des fraises sauvages, c’est bel et bien un voyage dans le temps et la mémoire qu’effectue Isak Borg. Bergman dresse le portrait d’un homme qui peu à peu s’est coupé des humains, jusqu’à sa propre famille. Veuf, solitaire, atrabilaire, égoïste et orgueilleux, il n’apparaît cependant pas comme une caricature, mais plutôt comme un être auquel sa tardive prise de conscience ouvre la possibilité d’une rédemption et d’une réconciliation.

Apaisement 

De façon toujours limpide, le cinéaste jongle entre les scènes oniriques et le réel, le passé et le présent. On voit ainsi le héros dans son grand âge assister à des moments de sa jeunesse tel un fantôme. Sa voix intérieure accompagne l’introspection. Le bilan est cruel : n’est-il pas déjà mort bien que vivant ? A quoi bon tous ces sacrifices ? Malgré sa gravité et sa noirceur, Les Fraises sauvages offre quelques scènes de comédies avec les jeunes autostoppeurs parmi lesquelles la jeune Sara qui porte le même prénom que le grand amour d’Isak Borg (Bibi Andersson, actrice-fétiche de Bergman, interprète les deux rôles).

Au final, ce film plein de nostalgie et de mélancolie, crépusculaire et funèbre, distille un paradoxal apaisement et même une sorte de douceur, à l’instar de celle imprégnant la dernière scène. A noter qu’Ingmar Bergman confia le rôle principal (son dernier en l’occurrence) à Victor Sjöström qui fut avant lui le grand cinéaste suédois. On peut voir là comme une sorte d’hommage en forme de passation de pouvoir…

Christian Authier

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