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Le nom sur le mur d’Hervé Le Tellier

by Anthony del Puerto

Hervé Le Tellier publie Le nom sur le mur aux éditions Gallimard. Le récit puissant et tendre d’un résistant dont la jeunesse fut sacrifiée.

LE TELLIER Hervé Photo 2024 (c) Francesca Mantovani Editions Gallimard 9991
Hervé Le Tellier © Francesca Mantovani

Début 2020, Hervé Le Tellier cherche une « maison natale » afin de s’installer. Rien de grandiloquent ou de moderne, mais une maison de caractère. Il tombe alors sous le charme d’un ancien relais de poste à rénover. Il s’y installe et retire d’anciennes plaques sur le mur. Apparaît soudain un nom inscrit dans le mur. André Chaix. Le trait est irrégulier et les lettres majuscules. Aussitôt, l’auteur s’interroge. Qui est cet homme ? Quelques jours plus tard, autre coïncidence, le même nom sur un monument à la mémoire « des enfants de Montjoux mort pour la France ». A côté, deux dates mai 1924 – aout 1944. André Chaix est donc un jeune résistant mort à seulement 20 ans. Il n’en fallait pas plus pour éveiller la curiosité de l’auteur qui part dès lors sur la piste du jeune homme.

Gravé dans la roche

Sans savoir par où commencer, Hervé Le Tellier se lance dans une enquête. Il interroge et consulte les rares archives pour comprendre. Le hasard croise souvent son chemin comme lorsqu’on lui confie des effets personnels d’André Chaix. Rares mais précieux pour suivre le parcours du jeune homme. Un fils charismatique dont le père est le boulanger du village. Un garçon amoureux de Simone avec qui il pose sur les photos. Enfin, de rares lettres pour rassurer la famille.

André Chaix est également un résistant, un maquisard, engagé afin de sauver la France. De repousser l’adversaire et retrouver la vie d’avant. Car les idéaux ne s’écrasent pas face à la folie meurtrière. Les alliées viennent de débarquer et la France doit retrouver sa liberté. Un rêve dont sera privé André Chaix, mort avant de fêter la victoire.

Hervé Le Tellier, dans un roman épuré mais intense, retrace la vie tout aussi courte d’un jeune homme mort pour son pays. Une façon pour l’auteur de rappeler les erreurs du passé car, comme il l’écrit, « à regarder le monde tel qu’il va, je ne doute pas qu’il faille toujours parler de l’occupation, de la collaboration et du fascisme, du rejet de l’autre jusqu’à sa destruction. » Aussi, le récit rappelle des faits, dresse des mises au point, sans jamais pointer du doigt, mais avec l’intelligence du verbe que Hervé Le Tellier manie avec talent.

Sylvie V.

Hervé Le Tellier, Le nom sur le mur, Gallimard.



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