21e festival Jazz en Comminges du 8 au 12 mai
Après avoir dignement fêté son 20e anniversaire en 2023, Jazz en Comminges entame sans trembler sa troisième décennie d’existence avec une 21e édition organisée cette année du 8 au 12 mai. Pour le traditionnel rendez-vous du pont de l’Ascension, l’équipe du président Pierre Jammes a conçu une programmation riche et variée, fidèle aux principes qui ont fait le succès du festival : grands noms et valeurs sûres des scènes nationale et internationale, découvertes et chance offerte aux jeunes talents en devenir.
Un IN « tout feu, tout femme » au Parc des expositions du Comminges
Tout feu Tout femme chantait Claude Nougaro en 1962. Un titre qu’aurait pu reprendre le festival pour son édition 2024, en cette année où nous commémorons les vingt ans de la mort du « jazz poet » toulousain. Les femmes sont en effet à l’honneur dans la programmation, au point que c’est l’une d’entre elles, la flûtiste Ludivine Issambourg, qui ouvre le IN, mercredi 8 mai à 21 h. Une belle première à Saint-Gaudens pour la talentueuse musicienne normande et son quartet (flûte, claviers, basse, batterie) qui présentent le programme « Above the laws », hommage à Hubert Laws, son illustre prédécesseur dans le (rare) registre jazz de la flûte traversière. De l’inattendu pour lancer ce 21e Jazz en Comminges.
Et de l’insolite ensuite à 23 h avec une autre première au festival, celle de Dhafer Youssef, chanteur, compositeur et virtuose du oud, cette sorte de luth oriental traditionnel qu’il a imposé de la manière la plus improbable dans le monde du jazz. Après avoir étudié la musique à Vienne puis à New-York, le musicien tunisien s’est installé à Paris où il vit aujourd’hui. Devenu entre temps une des figures les plus singulières de la scène internationale du jazz fusion, l’enfant de Monastir donne à la tête de son quintet (oud, trompette, piano, basse électrique et batterie) un programme largement inspiré de son 9e album « Street of minarets ».
Virtuose est également le terme qui vient à l’esprit pour qualifier le pianiste Brad Mehldau. L’Américain fascine autant les connaisseurs du piano jazz que le grand public, chacun de ses concerts remplissant les salles. Il doit notamment sa réputation au fait d’avoir dépassé les limites du jazz en les étendant au pop-rock, et en intégrant à ses programmes des morceaux de Paul Simon, Nirvana, Jeff Buckley, Chico Buarque, Radiohead ou des Beatles. Ceux qui aiment le mélange des genres et les expériences musicales fortes doivent d’ores et déjà cocher sur leur agenda le concert du Brad Mehldau Trio, jeudi 9 mai à 21 h.
C’est un autre pianiste qui prend la suite à 23 h, déjà programmé à Jazz en Comminges, le Cubain Roberto Fonseca. Le retour de l’ancien membre du Buena Vista Social Club à Saint-Gaudens se fait autour du programme « La Gran Diversion », un hommage à l’âge d’or de la musique cubaine, aux folles nuits de danse à La Havane, et à la Cabane Cubaine, le fameux cabaret parisien des années 1930 où tous les amateurs d’ambiance tropicale venaient se trémousser au rythme du mambo, de la rumba et de la salsa. La fin de soirée devrait être chaude et électrique le 9 mai sur la scène du Parc des expositions…
Une formation menée également par un pianiste ouvre la soirée du vendredi 10 mai à 21 h. Le Blue train Quintet du Saint-Gaudinois Philippe Léogé va défendre les couleurs du jazz régional en montant sur scène… accompagné d’un quatuor à cordes. D’un côté les cinq garçons du Blue Train (Jean-Michel Cabrol, sax ténor et soprano, Dominique Rieux, trompette et bugle, Philippe Léogé, piano, Denis Léogé, contrebasse, Jordi Léogé, batterie), de l’autre les quatre filles du Quatuor Rose (Justine Vicens, violon, Anne Gallo-Selva, violon, Sandrine Martin, alto, Lucille Gambini, violoncelle), réunis pour une création inspirée des univers musicaux de Thelonious Monk et Astor Piazzolla. Une rencontre du be-bop et du tango qui s’annonce comme une des grandes curiosités du festival 2024.
Une petite nouveauté dans le IN, vendredi 10 mai, le Toulouse Hot Club animant le Parc des expositions dès 18 h 30 puis après la fin du second concert du soir. L’ensemble a été créé en 2018 pour accompagner la communauté des danseurs de Lindy Hop, ce qui fait du THC une formation rare et singulière dans le milieu du jazz. Composé de six musiciens capables de jouer de douze instruments sur scène, le Toulouse Hot Club propose un répertoire allant du swing au rhythm’n’blues, en passant par le jazz New Orleans.
Autre retour à Saint-Gaudens pour le second concert du vendredi 10 mai, et beaucoup s’en réjouiront, celui de Robin McKelle. Passée par la country, le blues, la soul, la pop et le R&B, la chanteuse américaine revient maintenant à ses premières amours et au jazz de ses débuts avec le CD « Impressions of Ella » paru en 2023. Un album-hommage à Ella Fitzgerald, à laquelle on l’a souvent comparée pour sa puissante voix d’alto, au cœur du concert qu’elle donne à 23 h accompagnée par un trio piano, batterie, contrebasse. Une fin de soirée pleine de nostalgie, destinée aux amoureux des grandes ladies du jazz.
Une musicienne, la saxophoniste française Virginie Daïdé, ouvre aussi la dernière soirée du IN 2024, samedi 11 mai à 21 h, avec son quartet (sax ténor, piano, contrebasse, batterie) et un programme tiré de son album Moods paru au printemps 2023. Trois ans après Dream Jobim, son premier CD constitué d’arrangements d’oeuvres du génial créateur de la bossa nova, Moods est cette fois-ci une véritable création, aux influences multiples, et illustrant les « humeurs » d’une compositrice qui tient désormais une place à part sur la scène jazz contemporaine. Une découverte à faire d’urgence pour ceux qui ne la connaissent pas encore.
Le concert de clôture du IN a été confié à un habitué de la programmation de Jazz en Comminges, souvent à l’affiche des festivals de jazz de notre région, le contrebassiste américain Kyle Eastwood, lui aussi de retour à Saint-Gaudens. Chez les Eastwood, on est francophiles, on aime le jazz… et le cinéma, il va sans dire. Le programme « Eastwood by Eastwood » rend hommage à un père qui lui a transmis l’amour de la musique afro-américaine et du 7e art, à travers une dizaine d’extraits de bandes originales de ses films, réarrangés et interprétés en quintet (contrebasse, piano, trompette, batterie, saxophone). Un joli bouquet final pour le IN de ce 21e festival, samedi 11 mai à 23 h.
Le OFF à Saint-Gaudens, du 8 au 12 mai
Pour la septième année consécutive, le OFF de Jazz en Comminges s’installe dans le centre de Saint-Gaudens pendant toute la durée du festival, avec pour épicentre le CUBE, situé au 2 place du Foirail. La programmation 2024 regroupe une vingtaine de concerts au coeur de la ville, un stage et une masterclass, des expositions et la projection de films. La navette gratuite mise à la disposition du public par la communauté de communes du Saint-Gaudinois est encore en service cette année pendant la manifestation, pour assurer le trajet entre le centre de Saint-Gaudens et le Parc des expositions situé en contrebas de la ville.
La programmation au CUBE
Le OFF est lancé au CUBE mercredi 8 mai à 15 h par le Big Band du Conservatoire Intercommunal Guy Lafitte, une formation composée d’une vingtaine de musiciens amateurs que dirige Nicolas Sabathé. Au programme, des reprises de grands standards du jazz et un répertoire varié : blues, rock, latino…
Le même jour à 17 h 30, le quartet de saxophones Somesax, qui mêle musiques improvisées et jazz, invite l’accordéoniste toulousain Grégory Daltin et propose des compositions et arrangements originaux créés pour l’occasion. Un projet original et ambitieux qui s’inscrit dans une série de concerts à venir.
Le Fluffy Fox Trio, formé de George Storey à la contrebasse, Étienne Manchon au piano et Malo Evrard à la batterie, reprend des standards de jazz lors de concerts thématiques consacrés à de célèbres aînés tels que Bill Evans ou Wayne Shorter. Rendez-vous avec les trois musiciens, jeudi 9 mai à 11 h pour un « Tribute to Bill Evans ».
Ambiance différente à 15 h avec le groupe Atwood fondé il y a deux ans par cinq musiciens (saxophone, guitare, basse, percussions, batterie) qui se sont très vite fait un nom et une place sur la scène locale. Le quintet présente un mélange de jazz et de musiques actuelles irrigué d’influences allant du funk à l’afro.
La 2e journée du OFF au CUBE se termine à 17 h 30 en compagnie de La Pieuvre Irréfutable, formation de huit musiciens comme son nom l’indique, qui déploie ses tentacules autour d’un étonnant répertoire où se croise le space-rock de Frank Zappa, les teintes impressionnistes d’un Debussy, les cuivres de Tower of Power ou le groove des Headhunters. Pour ceux qui n’ont pas peur de faire le grand écart.
Vendredi 10 mai, ouverture à 11 h avec le Sandro Torsiello Odissey 4tet et ses quatre musiciens (saxophone, guitare, claviers, batterie) anciens élèves du Centre Des Musiques Didier Lockwood. Nul ne s’étonnera que leur formation musicale les ait menés à pratiquer une musique ouverte à tous les courants du jazz, où l’improvisation est la règle.
À 15 h, le groupe de jazz manouche Sheik of Swing prend la suite au CUBE. Le quartet (2 guitares, clarinette, contrebasse) aime le répertoire du swing des années folles et celui des valses et rythmes des pays de l’est. La réunion des deux fait de chacun de leurs concerts une joyeuse féerie musicale, chaleureuse et colorée.
Troisième rendez-vous du jour à 17 h 30, encore avec un quartet, le groupe franco-allemand Okidoki pour un programme de compositions originales où la voix est centrale. Les textes sont chantés en anglais, allemand ou français et la musique alterne entre jazz, chansons et grooves. À découvrir sans hésitation.
Le samedi 11 mai, Madame Léon se produit au Cube à 11 h. Formé de quatre excellents musiciens issus de la scène Toulousaine, le groupe (voix, piano, contrebasse, batterie) s’est spécialisé dans le jazz chanté, des années 1930 à nos jours, puisant son répertoire aux États-Unis, ainsi qu’en France et en Amérique latine.
À 15 h, changement d’ambiance avec le sextet Akoni Astrobeat pour de l’Afro-jazz et des compositions instrumentales conçues par le bassiste Sylvain Bouysset et la flûtiste Marylou Planchon. Leur musique est un mélange des genres porté par des musiciens venus de divers horizons, aussi bien des musiques traditionnelles que du jazz.
Moment privilégié pour le 3e et dernier concert du 11 mai au CUBE à 17 h 30 avec le Thomas Kretzschmar 4tet. Thomas Kretzschmar y témoigne de son admiration et de sa dette à l’égard de celui qu’on considère comme l’initiateur de l’école française du violon jazz. Il a formé son quartet « Hommage à Stéphane Grappelli » pour réaliser son rêve de faire revivre en concert la musique de son maître et modèle.
Pour la journée de clôture du OFF et du festival, dimanche 12 mai à 11 h, concert du Ispahan Jazztet, une formation née il y a deux ans à l’école Music’Halle de Toulouse. Ce mini big-band de sept musiciens (saxophone, trompette, trombone, piano, guitare, contrebasse, batterie) improvise sur un répertoire mêlant jazz standard et moderne, latin jazz et bossa nova, manière réjouissante de faire le pont entre tradition et modernité.
Un hommage de plus à un géant de la grande époque du jazz pour le dernier concert du OFF 2024, donné à 15 h par le groupe Little Basie. Le septet y donne un coup de chapeau plein de respect et de nostalgie à l’un des plus grands compositeurs et arrangeurs de big band du XXe siècle, la légende Count Basie.
Trois concerts au Théâtre Jean-Marmignon
Scène bien connue des fans de spectacle vivant de la région commingeoise, le Théâtre Jean-Marmignon ouvre ses portes à trois formations programmées dans le OFF. Vendredi 10 mai à 14 h, le guitariste et chanteur Sean Gourley, fils de Jimmy Gourley, entretient l’héritage paternel avec la même prédilection que son célèbre père pour la chanson américaine de Broadway à Hollywood, et la belle chanson française d’après-guerre.
Le même jour à 16 h 30, The 2nd Floor Jazz Machine, composé des musiciens de l’atelier de jazz de l’école de musique et de théâtre de l’agglomération Foix-Varilhes, interprète des standards de jazz de toutes les époques, revus sur la base d’arrangements et d’improvisations.
Dimanche 12 mai à 14 h, le 126ème rue Quartet, dont le nom est un clin d’œil au lieu où fut prise en 1959 la photo mythique « A Great Day in Harlem », rend hommage aux grandes figures du jazz des années 1950 à nos jours en s’appuyant sur un répertoire de compositions originales et parfois oubliées.
Un concert sur l’histoire du piano jazz à l’Auditorium de la Médiathèque
Samedi 11 mai à 11 h, le pianiste Thierry Ollé, très apprécié dans notre région, présente une évocation à la fois « jouée et contée » de l’histoire de son instrument sous l’angle de ce qu’il a apporté à la musique de jazz. Un rendez-vous à ne pas rater pour les passionnés du piano jazz.
Jazz au cœur de la ville
Des concerts sont proposés au public chaque jour, du 9 au 12 mai, dans le centre de Saint-Gaudens à la Halle Gourmande, sous les arcades, place Jean Jaurès, devant le Musée, Boulevard Bepmale et au Cloître de la Collégiale. On y annonce les groupes Mister G and Friends (jazz swing), Myl’Jazz Band (jazz swing bossa blues), Tic Tac Toe (jazz bossa latin), The Silver Linings (jazz blues), Clara Fond (jazz New Orleans), Beans (jazz sous toutes ses formes) et Las Marmotas de la Muerte (cumbia). Une Scène ouverte aux écoles de musique est programmée au Cloître samedi 11 mai à 15 h.
Et aussi, en périphérie du festival
Du 7 au 25 mai, l’association RECUP’ART, qui soutient la conception d’œuvres d’art à partir de matériaux de récupération, installe à la galerie du Théâtre Jean-Marmignon son exposition « Jazz – Couleurs arc-en-ciel » rappelant le mélange de genres musicaux qu’aura été le jazz à travers l’histoire, de ses origines à nos jours.
Mardi 7 mai à 18 h au cinéma Le Régent, pour commémorer les vingt ans de la mort de Claude Nougaro, le festival présente une exposition de dessins, écrits, photos du chanteur toulousain et une conférence « VOUS, NOUS, GARO » animée par Jean-Marc Dos Santos, chanteur-conférencier. Un hommage qui s’imposait.
Et encore au Régent, du 8 au 12 mai, les Journées du Cinéma programment des films sur le thème du jazz : Be you !, documentaire réalisé par Gil Corre, 6 doing’ jazz, autre documentaire réalisé par Solange Brousse, They shot the piano player, film de Fernando Trueba et Javier Mariscal, et Blue Giant, un film d’animation japonais.
Enfin, selon une tradition bien établie, Jazz en Comminges propose un Stage et une MasterClass avec accompagnement et inclusion culturelle pour des personnes handicapées. Entre 18 et 20 stagiaires peuvent y participer dont une partie atteinte d’un handicap visuel. La masterclass est assurée par un artiste du festival IN et un concert de fin de stage est donné à l’issue des trois jours. Le stage a lieu cette année du mercredi 8 au vendredi 10 mai. Pour tout renseignement, écrire à Françoise Comet : fcomet@jazzencomminges.com
La programmation de cette 21e édition confirme la volonté des organisateurs de Jazz en Comminges de maintenir l’esprit du festival, son exigence de qualité et de variété, en invitant de grands artistes internationaux, en donnant leur chance aux jeunes talents et en ouvrant la scène à tous les courants du jazz. Remercions une nouvelle fois les bénévoles, la ville de Saint-Gaudens et tous les partenaires publics et privés qui permettent à cet événement précieux de continuer d’écrire son histoire. Et soutenons-le nous-mêmes en nous joignant aux 15 000 passionnés encore attendus cette année dans la capitale commingeoise, du 8 au 12 mai !
> Brochure du Festival • Brochure du Off