Une fable horrifique
Avec son second film, le réalisateur norvégien Kristoffer Borgli nous entraîne dans le sillon d’un véritable cauchemar. Imaginez simplement (?) que vous vous retrouviez peuplant les rêves mais aussi les cauchemars de millions de personnes.
C’est ce qui arrive à Paul, professeur dans une prestigieuse université américaine. Lui qui n‘a jamais fait de vague dans sa vie mais rêve d’être publié, se trouve tout à coup au centre d’un emballement médiatique dont il va tenter de profiter mais qui va très rapidement l’entrainer dans une véritable course à l’abîme. Mêlant avec virtuosité l’onirisme à la réalité, le réalisateur épingle ici notre société dans son culte de la célébrité/personnalité et la vertigineuse et mortelle vitesse des réseaux sociaux, le nouveau poison de notre Humanité.
Le film est clairement porté par un Nicolas Cage superlatif en prof « formolisé » devant tout à coup se battre contre la Terre entière alors qu’il n’a rien fait de mal. L’acteur est hallucinant d’ambivalence, tout à la fois comique et terrifiant. En empruntant les chemins du surréalisme, le scénario déploie une réflexion d’une belle acuité sur la cancel culture, ce mouvement idéologique visant à l’effacement (mot à la mode…) d’un individu ou d’une œuvre pour n’importe quelle raison. L’homme ici, c’est Paul. Les réseaux l’ont condamné et l’enfer s’est ouvert sous ses pieds. C’est une fable certes complexe, mais qui en dit long sur la déliquescence de notre société et les dangers que nous courons… tous.
