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« La pierre d’Orso » de Xavier Champenois

by Anthony del Puerto

La sublime mission

Italie, début du 17e siècle. Il neige violemment sur le Duché de Milan. Le jour est presque noir… C’est le cadre infernal dans lequel un jeune garçon, Orso, va assister, derrière le pilier d’un préau, au martyre de sa mère, sa bien-aimée Mammina. Soupçonnée d’hérésie, la malheureuse est soumise à la question. Elle n’y survivra pas. Au milieu d’un brouillard sanglant, Orso va s’évanouir de peur. Il se réveillera dans l’enceinte accueillante d’un couvent. Très vite les souvenirs qu’il se remémore de cette nuit affreuse vont désormais le hanter. Pour toute sa vie. Une vie qu’il va consacrer à la recherche de la dépouille de Mammina afin de lui offrir une sépulture et confondre les hommes qui l’ont suppliciée.

Xavier Champenois © Malania Avanzato
Xavier Champenois © Malania Avanzato

Xavier Champenois, pour son deuxième opus, nous met dans les pas du jeune garçon qui va se révéler d’une intelligence exceptionnelle concernant les mathématiques, le dessin et la gravure. Nous allons le suivre tout au long de sa pérégrination dans cette péninsule en proie aux conflits de pouvoir mais aussi aux épidémies. Quittant le couvent il va être accueilli à Brescia, Padoue, Venise, Rome également, chez des maîtres graveurs, luthiers, horlogers. Le hasard va le mettre en possession d’une stèle qui, dorénavant, ne quittera plus son dos malgré le poids du marbre car Orso a décidé qu’il l’installerait sur la tombe maternelle. Le jour où… Alors que des personnages mystérieux le sauvent de situations dangereuses, il comprend vite qu’un être maléfique le suit toujours. Dans la tête d’Orso raisonne l’ultime conversation entendue du vivant de sa mère, une conversation, il l’a bien vue, entre un moine et un cavalier manchot.  Ce sont eux qui ont tué Mammina.

D’une écriture précieuse par sa structure élégante et scrupuleuse, Xavier Champenois nous fait vivre cette Italie d’avant sa réunification, véritable enjeu de puissance des grandes cours royales européennes au travers d’Etats atomisés.  Il nous plonge aussi au cœur d’une population d’artisans, d’ouvriers, de religieux avec une précision documentaire fascinante. C’est un vrai retour vers le passé. A ce titre, la séquence vénitienne, entre autres, au moment de la peste, est un sommet hallucinant et littéralement cinématographique. Orso transforme volontairement sa vie en un véritable chemin de croix dans le but de rendre hommage à sa mère et, enfin, accomplir son travail de deuil. Au final, un livre bouleversant.

Robert Pénavayre


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« La pierre d’Orso »  –  Editions Récamier

Littérature

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