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Chasse gardée, un film d’Antonin Fourlon et Frédéric Forestier

by Anthony del Puerto

Aimez-vous les uns les autres

La scène liminaire, écrite lors du confinement, nous met en présence d’un couple de quadras parisiens bon teint, parents de deux petits filles pour le moins… dynamiques. Leur appartement n’est pas gigantesque et la vie commence à devenir intenable.

Chasse Gardée
Hakim Jemili, Camille Lou, Jean-François Cayrey et Didier Bourdon – Crédit : Julien Panié

Comme à beaucoup de leurs semblables il y a peu (voir Covid), l’idée leur vient de s’expatrier à la campagne. Aussitôt pensée, ladite idée est mise à exécution. Direction une petite merveille (à rénover tout de même) blottie au cœur d’un véritable océan de verdure. Fait partie de cette propriété, un bois immense… et attenant. Mais voilà que, si ce bois est grevé d’une servitude permettant par exemple le ramassage des champignons, ce que ne dit pas l’agent immobilier, c’est que la servitude comprend aussi la chasse.  Les nouveaux propriétaires vont apprendre cela au moment de l’ouverture. Alors qu’ils avaient fait ami-ami avec tout le village, les voici en quête d’une solution pour faire supprimer la servitude en question. En gros la guerre est déclarée et tous les coups sont alors permis. 

Sauf que les choses ne sont jamais aussi basiques qu’elles paraissent. En fait, l’arrivée du couple de parisiens avait permis de garder l’école ouverte. Leur départ serait une catastrophe. Bernard, le chef de la meute (Didier Bourdon, inénarrable et faisant un clin d’œil appuyé au célèbre sketch des Inconnus) va s’en rendre compte un peu tard. Cette comédie, sympathique avant tout, est un plaidoyer pour une certaine forme de cohabitation entre les parisiens et les… autres, entre les chasseurs et les ardents défenseurs de la Nature, tout en sachant que les deux ne font souvent qu’un. On rit franchement aux déboires et autres désillusions de Simon (Hakim Jemili) et d’Adelaïde (Camille Lou), nos deux exfiltrés d’une capitale française devenue invivable. La joyeuse cohorte des chasseurs n’est pas en reste et leur repas est un morceau d’anthologie. La morale de l’histoire et son dénouement démontent allégrement quelques clichés encore tenaces.

Robert Pénavayre



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