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Simple comme Sylvain, un film de Monia Chokri

by Anthony del Puerto

Pour son troisième long, la réalisatrice québécoise nous entraîne entre Montréal et les Laurentides. Nous faisons tout d’abord connaissance avec un groupe d’amis, d’intellos pourrions-nous ajouter, du milieu aisé de la Belle Province.

Magalie Lépine-Blondeau (Sophia) et Pierre-Yves Cardinal (Sylvain) – Crédit Fred Gervais
Magalie Lépine-Blondeau (Sophia) et Pierre-Yves Cardinal (Sylvain) – Crédit Fred Gervais

La caméra scrute plus particulièrement Sophia (formidable Magalie Lépine-Blondeau, immense star au Canada), prof de philo dans une Université du troisième âge, et son mari Xavier. Ils viennent d’acheter une maison dans les Laurentides. Celle-ci demande quelques travaux. C’est un euphémisme ! Sophia se rend alors à un premier rendez-vous sur place, seule vue les occupations de Xavier. Elle rencontre l’entrepreneur en charge de l’évaluation de la situation, le dénommé Sylvain (formidable Pierre-Yves Cardinal).  Plutôt rat des champs que rat des villes, c’est un grand costaud, plutôt bel homme, au sourire infernal.  Dans la solitude sylvestre au cœur de laquelle se niche ladite maison, Eros va tirer ses flèches dans tous les sens et voilà nos deux quadras frappés par un véritable coup de foudre réciproque.  Cela ne va pas être l’affaire d’une nuit. Ils vont entamer une relation durable… Mais avec le temps cette relation va s’approfondir et les fissures secrètes et invisibles qui séparent sournoisement ces deux êtres vont se transformer en fractures, puis en failles béantes. Quand l’une cite Spinoza, l’autre étale Michel Sardou dans sa discussion. Tant pis, l’attirance sensuelle et bien plus qui les réunit va les entrainer encore plus loin. C’est le moment de la présentation aux familles réciproques. Si les repas sont d’anthologie, la faille en question va alors s’élargir dangereusement…  Evidemment nous pensons à L’Amant de Lady Chatterley et cette lutte des classes qu’illustre ce prestigieux roman. Ce film creuse aussi le sillon d’une autre lutte, celle de la préservation au Québec de la langue française et le barrage que les anciens dressent encore contre la langue de Shakespeare.  Et puis il y a cet accent reconnaissable entre tous qui donne une saveur et une vigueur inimitables aux échanges parfois musclés des personnages.

Une comédie douce-amère, parfaitement rythmée, souvent piquante, dans des décors naturels magnifiques, dont nos cousins d’Outre Atlantique ont le secret. Rassurez-vous sous-titrée !!! A voir certainement.

Robert Pénavayre



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