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Le Goût de la cerise d’Abbas Kiarostami

by Anthony del Puerto

Considéré comme un génie du cinéma par beaucoup (et même comme son génie ultime par Godard), adulé par la critique internationale et les jurys des festivals, le cinéaste iranien Abbas Kiarostami a logiquement obtenu une Palme d’or en 1997 (ex æquo avec L’Anguille de Shōhei Imamura) pour Le Goût de la cerise. La trame du film est aussi troublante qu’originale : un homme d’une quarantaine d’années, déambulant au volant de son Range Rover dans la périphérie de Téhéran, cherche un individu qui accepterait – contre une belle somme d’argent – de l’enterrer après sa tentative suicide par absorption de somnifères. Ayant déjà creusé la fosse destinée à l’accueillir, la situation est simple. Si la tentative échoue, il s’agira pour le « complice » de le réveiller. Si elle réussit, celui-ci devra couvrir le cadavre de pelletées de terre.

Le Goût de la cerise d’Abbas Kiarostami
Le Goût de la cerise d’Abbas Kiarostami

Au cours de sa quête, le suicidaire va proposer le marché à trois hommes qu’il embarque dans sa voiture : un conscrit d’origine kurde, un séminariste afghan et un taxidermiste turc travaillant au musée d’histoire naturelle. Ce dernier accepte l’offre bien qu’ayant longuement essayé de persuader le conducteur de renoncer à son funeste projet.

Un chien aboie…

Outre les longues scènes à l’intérieur du véhicule au cours desquelles le protagoniste tente de convaincre ses interlocuteurs de l’aider dans son entreprise, Le Goût de la cerise offre des vues récurrentes, en particulier de chantiers où machines et ouvriers s’affairent. Dans un décor semblable de sable et de poussière des militaires s’entraînent. Si l’on ne sait rien des raisons qui poussent l’homme à vouloir mettre fin à ses jours, on ne saura pas plus s’il a mené à bien sa mort programmée. Les autres personnages (le soldat, le religieux) demeurent des symboles tandis que le taxidermiste a un peu plus d’épaisseur.

Evidemment, un propos aussi obscur est propice aux exégèses très savantes ainsi qu’aux délires interprétatifs abscons dont le cinéma de Kiarostami a été souvent l’objet. Ici, cerise sur le gâteau (si l’on peut dire), un épilogue tourné en vidéo (sur une musique de… Louis Armstrong) montre l’équipe du Goût de la cerise sur le tournage. Une mise en abîme à la fois démonstrative et fumeuse qui a tout pour plaire aux théoriciens les plus pointus. Il faudrait aussi expliquer pourquoi l’on entend, tout au long du film, un chien aboyer. L’ennui ?

Christian Authier

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