Au-delà de ses romans les plus célèbres, couronnés par les prix (le Femina pour Une vie française en 2004, le Goncourt pour Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon en 1019), il y a dans l’œuvre de Jean-Paul Dubois des réussites plus secrètes. Ainsi ce Vous plaisantez, monsieur Tanner paru en 2006. C’est par une lettre recommandée que l’enfer a fait irruption dans l’existence rangée de Paul Tanner, documentariste animalier, goûtant la douceur de vivre à Toulouse. En héritant d’une immense maison familiale à restaurer, notre homme ne pouvait soupçonner le chemin de croix qui l’attendait…
Travaux forcés
Avec ce roman, Jean-Paul Dubois signe la drolatique chronique d’une catastrophique campagne de travaux qui prend des allures de rite initiatique : « je devais en passer par là : entrer dans les recoins obscurs du travail au noir, pénétrer ce maquis de paroles évasives, de promesses flottantes, de talents approximatifs, de tarifs changeants, de délais élastiques, découvrir un monde hors taxes, hors norme, hors la loi, peuplé de débutants hésitants, de vieux rusés, de retraités chafouins, de branleurs somptueux, de génies caractériels, de fous complets, de demi-fous, d’irresponsables, de menteurs, de hâbleurs, d’arnaqueurs, un monde instable, prêt à sombrer pour un mot de trop, un coup de vent, un verre de vin, un monde où il manque toujours quelque chose, un outil, une planche, du sable, un sac de MAP, un tuyau, du courage, de la brasure. »
Une redoutable galerie de cinglés défile au gré de brefs chapitres hantés par une question : monsieur Tanner s’en sortira-t-il ? Le théâtre des opérations se transforme peu à peu en champ de bataille. Des combattants désertent, les renforts tardent, les défenses sont enfoncées… Cela sent la déroute à plein nez. De cette tragédie domestique, l’écrivain tire une brillante comédie aux éclats de rire consolateurs.
Vous plaisantez, monsieur Tanner • Points