Mère courage
Ce jeune réalisateur français de 24 ans n’a pas fini de faire parler de lui. Déjà pour son premier long en salle (2018), il dirigeait un duo bouleversant : Noémie Merlant et Guillaume Gouix dans Les Drapeaux de papier. Son second opus confirme un sens de la direction d’acteur qui ne laisse aucun doute. Ce cinéaste a du talent !
Son héroïne est aujourd’hui ce que l’on appelle une femme au foyer, une mère de famille quadragénaire qui, très tôt, s’est retrouvée seule à élever ses cinq enfants. Ces derniers sont à présent en passe de quitter le nid familial, du moins les deux plus grands. C’est le moment pour Toni, le surnom de cette maman, de faire le point sur sa vie et surtout sur ce qu’elle aimerait finalement en faire. Elle fut autrefois une star éphémère de la chanson. Pour boucler les fins de mois et nourrir la nichée, elle continue de chanter le soir. Problème, Toni n’en a plus envie. Et nous voilà au cœur d’une famille, à l’épicentre de ses problèmes, de ses joies, de ses chagrins, de ses colères, de ses envies, de ses fractures. Nous suivons Toni dans son quotidien. Nous le connaissons tous, à divers degrés : réveil bourru des enfants, petit-déjeuner au lance pierre, accompagnement dans les différentes écoles et autres activités, puis lessive, repas, ménage, disputes, scolarités, crise de l’adolescence… Ce don de soi permanent, c’est tout un programme qui ne laisse que peu d’espace de liberté à cette mère courage comme il en existe certainement de nombreuses. Entourée de cinq jeunes comédiens : Léa Lopez, Thomas Gioria, Louise Labèque, Oscar Pauleau, Juliane Lepoureau, tous vraiment épatants de vérité, Camille Cottin (Toni) tient là un rôle en or, complexe et généreux, qui lui va comme un gant. Une authentique héroïne du réel dont elle trace un portrait d’une bouleversante humanité.
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