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Anatomie d’une chute un film de Justine Triet

by Anthony del Puerto

Une course à l’abîme

Si la remise de la Palme d’or Cannes 2023 à Justine Triet pour le film sous rubrique a été quelque peu entachée par des remarques adressées par la réalisatrice au Gouvernement, remarques qui ont littéralement « estomaqué », à juste titre d’ailleurs, la Ministre de la Culture présente lors de cette cérémonie, il n’en reste pas moins que ce film est d’une redoutable efficacité et, surtout, porté par une actrice exceptionnelle de présence.

Anatomie
Crédit photo : Les Films Pelléas

Les films de prétoire sont, depuis toujours, une spécialité américaine. En s’aventurant dans cet univers, Justine Triet en savait les dangers.  Sauf qu’ici le scénario se sert du tribunal comme lieu d’autopsie non pas d’un crime, mais d’un couple.  Cela dit, les faits sont là.  Samuel (Samuel Theis) est retrouvé mort devant le chalet qu’il habite avec sa femme Sandra et leur fils malvoyant Daniel.  A l’évidence il est tombé depuis le dernier étage du chalet. Pour la police, le tout est de savoir s’il a été poussé ou bien s’il s’est jeté dans le vide. Crime ou suicide ?  Et s’il y a crime, à qui profite-t-il ? Sandra se retrouve très rapidement sur le banc des accusés.  Face à elle, l’Avocat général (Antoine Reinartz) est persuadé de sa culpabilité. Aux côtés de Sandra, un ami d’enfance (Swann Arlaud) qui a toujours des sentiments envers cette femme dont il a été clairement amoureux. C’est son avocat. Et puis il y a Daniel (Milo Machado Graner, remarquable de justesse et d’intensité), une dizaine d’années, dont la vue s’est affaiblie suite à un accident. Il est devenu la cible de tous les interrogatoires. Qu’a-t-il vu (?) et surtout entendu ?  Le pauvre gamin va devoir assister à la mise à nue, psychiquement, de sa mère. Scènes terribles faisant frissonner car, même s’il s’agit ici d’une fiction…

Malgré sa durée (2h30), le film tient le coup et nous sommes rapidement happé, fasciné par la lutte de cette femme pour faire valoir sa version de l’affaire. D’autant qu’elle est incarnée par Sandra Hüller, véritable bloc de granit face aux attaques qu’elle doit en permanence repousser, quitte à dévoiler les arcanes les plus intimes de sa vie. Son incarnation est d’une telle puissance que les autres acteurs ont clairement du mal à exister.

Robert Pénavayre

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