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« Omar la fraise » de Elias Belkeddar

by Léa Vergès

Lettre d’amour à l’Algérie

Le premier long d’Elias Belkeddar est avant tout une émouvante déclaration d’amour à l’Algérie, et à sa capitale plus particulièrement. Jamais en effet cette ville n’aura autant mérité que dans ce film le nom d’Alger la blanche. Adroitement, le réalisateur fait glisser sa caméra des toits aveuglants de la ville à l’azur de la Méditerranée.

C’est aussi une manière de filmer la mer comme une frontière, voire un obstacle… De fait le scénario nous présente un duo de bras cassés assez hauts en couleurs. Il y a Omar (Reda Kateb comme à son habitude impérial de sensibilité), c’est pour lui que la Méditerranée est une frontière à ne plus franchir.  Gangster parisien, il a fui l’Hexagone afin d’échapper à la prison. Le Tribunal vient d’ailleurs de le condamner par contumace à 20 ans. Roger (Benoît Magimel), son frère d’embrouilles multiples et d’amitié indéfectible, l’a suivi. C’est son ange gardien car si Omar se fait pincer par la police algérienne, c’est le gnouf direct. Malgré la luxueuse villa qui les abrite, même si la piscine est à sec, il faut bien vivre et montrer que l’on se met dans le droit chemin.  Un ami lui trouve un poste à la sécurité d’une biscuiterie industrielle tenue par Samia (Meriem Amiar, la révélation du film, lumineuse, envoûtante). Tout cela sert de décorum a un autre film, celui qui parle de la nostalgie pour Omar d’un pays qui l’a vu naître, la France, d’un autre dans lequel plonge ses racines, l’Algérie, de cette incapacité pour lui de s’approprier ses origines séculaires. Elias Belkeddar, au travers de lumières littéralement somptueuses, nous trace le portrait de personnages divers. Les frérots, égarés dans leur vie, les jeunes Algériens déjà perdus dans leur avenir, Samia, volontaire et engagée dans des perspectives plus constructives, tout cela dans une conjugaison habile de comique irrésistible et… de violence insoutenable. Ainsi est la vision du réalisateur.

Un film ambitieux certainement, peut-être pas tout à fait abouti mais porteur d’une étrange et sulfureuse fascination.

Robert Pénavayre

Cinéma

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