L’éveil à l’amour
Pour son premier long, le réalisateur argentin Mariano Biasin nous plonge au cœur de ce moment ineffable que chacun espère vivre un jour : tomber amoureux. Mariano Biasin nous dit qu’il ne sait pas pourquoi il a intitulé son film Sublime. C’est pourtant simple, non ? Il nous met dans les pas d’un groupe d’adolescents de 16/17 ans dans une petite ville côtière argentine. Les garçons forment un groupe de rock. Manu (formidablement émouvant Martin Miller) en est le bassiste, Felipe (épatant Teo Inama Chiabrando) le guitariste. Manu a une petite amie mais depuis peu quelque chose ne tourne pas rond. Il va finir par comprendre qu’en fait il éprouve un nouveau sentiment, inconnu jusqu’alors de lui, mais envers Felipe.
Comment appréhender cette lumière qui l’aveugle intérieurement ? Que faire de cet amour qui le submerge ? Comment l’exprimer ? Tout dépend de lui car dans le milieu bienveillant qui est le sien, l’homophobie n’existe pas. C’est d‘ailleurs là l’un des intérêts de ce film à des années-lumière de toute discrimination et honte. C’est l’histoire d’un éveil qui donne le vertige. Non content d’être bassiste, Manu est aussi le poète du groupe, c’est lui qui écrit les chansons. Tout au long du film nous assistons à la naissance d’un titre qui, bien sûr, en dit beaucoup sous couvert d’une création purement littéraire.
Un petit film d’une simplicité folle, d’une délicatesse de ton éblouissante, laissant à d’autres des étreintes torrides, préférant magnifier ici des regards beaucoup plus explicites. Un petit film qui nous dit aussi que, peut-être, les combats des générations en fin de parcours sur le tabou de l’homosexualité vivent leurs derniers feux, aussi brûlants soient-ils, que la jeunesse d’aujourd’hui dialogue et s’ouvre en dehors des préjugés et des batailles anciennes. Finalement, pas un si petit film que ça.