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« King Kong » de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedscak

by Bruno del Puerto

Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.

King Kong de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedscak

Comme c’est souvent la règle, aucun des remakes, des suites ou des films dérivés ne parvint à atteindre la beauté et la poésie du King Kong de 1933 conçu par Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedscak. Il faudrait un roman pour évoquer le destin de ce tandem d’aventuriers, de cinéastes voyageurs et d’anciens combattants de la Grande Guerre ainsi que la genèse et la conception de leur œuvre-phare – ce que fit d’ailleurs Michel Le Bris avec son passionnant Kong paru en 2017 et riche de 1000 pages.

La débauche de moyens, l’originalité du scénario, l’extraordinaire créativité visuelle et l’universalité des thèmes abordés font de ce film un indémodable classique au croisement des genres : fantastique, aventure, épouvante et romance. Depuis New York, un réalisateur et son équipe – parmi laquelle se trouve Ann Darrow, actrice au chômage – embarque à bord d’un bateau à destination d’une mystérieuse île de l’océan indien où vivraient des animaux incroyables. Sur « l’île du Crâne », l’actrice est enlevée par des indigènes afin d’être offerte à un gorille géant, Kong, qu’ils vénèrent. Malgré la présence d’animaux préhistoriques, les explorateurs parviennent à délivrer la jeune femme et à capturer le « roi Kong ». A défaut du long-métrage prévu, le public new-yorkais pourra découvrir le gorille géant enchaîné dans un théâtre…

Vive le King !

Près d’un siècle après sa réalisation, King Kong a conservé toute sa puissance d’évocation, y compris sa violence sauvage (combat avec le tyrannosaure, humains broyés ou dévorés, affrontement final…) d’autant plus choquante à l’époque. Plus iconoclaste encore est la romance entre le gorille et la jeune femme effeuillée tendrement, aimée, protégée jusqu’au sacrifice ultime de la Bête pour la Belle. Sublimé par un somptueux noir et blanc ainsi que par les effets spéciaux de Willis O’Brien dont les techniques seront utilisées des décennies durant, King Kong regorge de scènes d’anthologie dont au premier rang l’affrontement entre Kong et les avions de chasse au sommet de l’Empire State Building. Séquence aussi spectaculaire que déchirante digne d’une tragédie antique.

Il fallait la démesure, la folie, l’ambition de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedscak et l’inébranlable foi dans le pouvoir du cinéma pour donner naissance à l’une des plus grandes mythologies de l’histoire du septième art. Le King est mort, vive le King !

Christian Authier

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