La photographe Claire Gontaud inaugure sa première exposition, « L’envers de l’endroit », de novembre à décembre 2022 à l’Atelier Jack. À cette occasion, Culture 31 revient sur son parcours photographique et ses idées. Rencontre avec l’artiste.
L’histoire d’amour entre Claire Gontaud et la photographie a démarré il y a une dizaine d’années avec un voyage au Cambodge. Mais les paysages étrangers ne sont pas sa source d’inspiration ultime. « Je me promène tout le temps avec mon téléphone ou mon appareil photo, et tout peut être un sujet. Je vais capter des moments incongrus, des regards, des petites choses de la vie qu’on ne prend pas toujours le temps de regarder », explique l’artiste.
Et rien de tel que sa ville, Toulouse, comme modèle. Ici, les gens se sourient, se regardent… Ce qui lui permet de capter les moments à part qu’elle désire. « Mais je cherche ces moments partout où je vais. Il y a par exemple cette photo qui s’appelle « Paul, Ringo et les autres ». J’étais en voiture dans le Gers et j’ai dû m’arrêter pour laisser passer quatre oies sur un passage clouté. Ce sont ces petites choses-là qui me plaisent », précise Claire Gontaud.
À la recherche de l’invisible
L’artiste peut marcher pendant des heures et se déconnecter du reste pour essayer de regarder les choses que l’on ne voit pas. « Quand on fait ça, on se rend compte qu’on ne regarde pas les gens, les objets, ou même l’architecture de la même façon. C’est juste « prendre le temps de », ce qui est, je trouve, quelque chose qui nous manque », affirme la photographe. Elle aime aussi pousser à se poser des questions et transmettre des émotions.
Il y a notamment cette photo poétique, « Main dans la main », issue d’un instant de partage inattendu. « J’étais en train de parler à un papy qui était posé sur un petit rebord en pierre. Il me racontait son histoire. Il m’a expliqué qu’il avait été amoureux d’une dame qu’il avait attendu pendant soixante ans. C’était une très belle histoire et je fixais ses mains. Je les ai prises en photo. Elles étaient sur sa canne et je trouvais que ça montrait bien qui il était. Cette espèce de solitude et cette envie de contact », relate Claire Gontaud.
« Son présent était passé »
Autre cliché touchant, et plus personnel : « Son présent était passé ». Elle représente l’une de ses tantes, dans un couvent, en train de regarder des photos sur un téléphone.
« C’était une des premières fois qu’elle voyait des photos sur le téléphone. C’est un peu une rencontre de deux mondes. Plusieurs membres de la famille étaient présents et elle voulait voir des photos des gens. Je trouve la photo très touchante car, bien sûr, c’est ma tante, mais aussi car il y a cet anachronisme. Je l’ai appelée « Son présent était passé », parce que son présent correspond à un passé pour nous ».
Cette photographie est en noir et blanc, à l’image de toutes les photos de son exposition. L’artiste ne sait pas exactement pourquoi elle affectionne tant ces tonalités. « C’est peut-être pour cette notion de contraste que l’on retrouve dans les sujets et dans les noms des photos », indique-t-elle. Les titres ont en effet une grande importance et bénéficient d’une attention toute particulière.
L’envers du décor des endroits qu’on adore
Le nom de l’exposition, « L’envers de l’endroit », n’a donc évidemment pas été choisi au hasard. Et Claire Gontaud l’a cherché longtemps. « Ce titre est justement une référence à cette idée que l’on connaît les endroits, mais que l’on ne voit pas forcément leur envers. Ça peut être des choses positives, touchantes, drôles… J’essaye aussi de mettre une pointe d’humour et donner un deuxième sens à mes photos quand je les nomme », ajoute l’artiste.
Par exemple, cette photo titrée « Verbe du premier groupe » :
« Venir à l’exposition c’est découvrir une manière de voir notre quotidien et la ville différemment, d’ouvrir un peu plus les yeux, et donc d’avoir un quotidien plus beau car il y a du joli partout », conclut-elle.
- « L’envers de l’endroit » – Claire Gontaud
- Les samedis 19 et 26 novembre
- Les samedis 3 et 10 décembre
- De 14h30 à 17h30
- L’Atelier Jack – 16 rue Saint-Jacques