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La Foire de la Colombette : une institution du quartier Saint-Aubin

by Ines Desnot

La Foire de la Colombette est l’évènement immanquable de la Toussaint depuis 78 ans dans le quartier Saint-Aubin. Exposants, ateliers, animations… François Scheerens, secrétaire de l’amicale des artisans et commerçants du quartier, nous éclaire sur les évènements à venir, du samedi 29 octobre au mardi 1er novembre.

Foire de la Colombette
François Scheerens. © Inès Desnot

Culture 31 : La Foire de la Colombette date de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pouvez-vous nous en dire plus sur sa création ?

François Scheerens : À cette période, les passants traversaient la Colombette pour aller au cimetière de Terre Cabade. Les commerçants de la rue étaient principalement des artisans, et surtout des femmes. Parce que les hommes étaient partis à la guerre. Elles ont eu l’idée de mettre le peu de marchandise qu’elles avaient sur les trottoirs, en essayant de les vendre aux chalands. Les ventes permettaient d’acheter de nouveaux produits et ainsi de suite. C’est de là qu’est née la Foire.

La Commune Libre a ensuite été créée par une bande d’artistes au Bar des 2 Ânes, qui est désormais le Café Populaire. La Colombette étant également très liée aux forains et aux circassiens, ils ont donc perpétué la Foire en invitant des forains. Traditionnellement, la Foire englobe le week-end et le 1er novembre. Donc la durée peut varier selon l’année.

Pour cette 78ème édition, la Foire se déroulera du samedi 29 octobre au mardi 1er novembre. Ressentez-vous toujours la même ferveur de la part des habitants et des commerçants autour de l’évènement ?

Elle est toujours très aimée des Toulousains et rassemble toujours beaucoup de monde. Mais la foire change, parce que l’époque le veut. Nous avons maintenant plus de difficultés à trouver des revendeurs. Maintenant, pour acheter des choses à bas prix, les gens cliquent sur internet. Malheureusement, les bonimenteurs disparaissent donc petit à petit. On trouvera quand même des producteurs de la région ou d’ailleurs, des créateurs et des artisans. On espère qu’il y aura autant de monde que l’année dernière à parcourir les stands.

Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, sera présent pour l’inauguration. Il a d’ailleurs obtenu son premier poste de journaliste à la Croix du Midi à Saint-Aubin. Vous a-t-il partagé son attachement aux évènements du quartier ?

Monsieur Moudenc est très attaché à la Colombette. Nous avons une des associations de commerçants la plus dynamique de Toulouse, il nous envoie donc souvent des lettres de félicitation. Par exemple, même s’il n’a pas pu venir au dernier Vert Vendredi de la Colombette (le contre-pied local et écoresponsable de la Colombette au black friday, ndlr), il nous a envoyé un courrier pour nous féliciter. Nous sommes un des rares quartiers de Toulouse à faire la part belle aux commerces indépendants et il suit de près ce que nous organisons. Nous regrettons tout de même le retard pris dans les travaux d’aménagement du quartier.

Pour en revenir à la Foire, comme vous l’avez évoqué plus tôt, les commerçants du quartier et des exposants externes présenteront leurs produits. En parallèle, quelles animations seront proposées ?

En premier lieu – comme certains commerces sont des ateliers de peinture, céramique et autres – ils proposeront leurs propres animations. D’autres commerces organiseront également des ateliers. Ensuite, du côté des animations de rue, on retrouvera Sardinhas de Mata en inauguration, Le Mystère des Éléphants, et Les Fanflures. Ces trois fanfares déambuleront dans La Colombette deux à trois fois par jour, pour que tout le monde en profite.

Différents éléments du programme sont aussi prévus pour les enfants. Dimanche, lundi, et mardi, il y aura une maquilleuse. Samedi et dimanche, une école viendra faire quelques animations. Des personnages se baladeront le long de la rue. Et enfin, les forains seront évidemment présents.

Ce sont exclusivement des animations de rue qui représentent bien le quartier et La Commune Libre de la Colombette qui auront donc lieu. C’était important ?

C’était important car nous souhaitons promouvoir le spectacle toulousain, et le spectacle de rue est directement lié à la création de La Commune Libre. Auparavant nous avions également des artistes de cirque, qui cette année ne seront pas présents. L’affiche a par ailleurs été réalisée par un street-artiste du quartier, Nikko K.K.O.

L’art populaire et l’artisanat local font partie de notre ADN. Le quartier est festif et plein de traditions. On explique toujours notre histoire aux nouveaux arrivants avec un petit livret d’accueil.

Autre tradition, le titre de maire de La Commune Libre de la Colombette. Aujourd’hui, suite au décès de Serge Terrazzoni en 2019, personne n’occupe ce poste. Est-ce quelque chose qui pourrait bientôt changer ?

Oui, et cette intention est très liée au projet d’aménagement du quartier. Nous nous sommes dit que le réaménagement de Saint-Aubin serait l’occasion idéale pour renommer un maire de La Commune Libre. Cela aurait permis de créer un nouveau souffle, de dire « nous avons un nouveau maire, avec un nouveau projet ». Et je parle d’un vaste projet, à la fois artistique, écoresponsable, etc. Pas seulement de l’arrangement des rues. Mais ça a été mis à l’arrêt. Cependant, le prochain maire est déjà identifié. C’est un commerçant du quartier qui a connu Jean-Louis Amade (ancien maire, légionnaire et résistant, ndlr).

La végétalisation, la digitalisation et le renforcement de l’identité visuelle du quartier sont justement les initiatives souhaitées et supervisées par l’amicale des artisans et commerçants du quartier Saint-Aubin. Elles en sont donc au point mort ?

Pour l’instant, il y a des travaux de canalisation. La mairie nous promet que l’année prochaine, nous pourrons nous concerter. Il ne faut pas oublier que le quartier Saint-Aubin représente 4000 habitants, environ 500 salariés, et 150 commerces. Nous sommes en face du ThéâtredelaCité, entre la place Dupuy et les Ramblas. Aujourd’hui, malgré une entrée de rue qui n’est pas engageante, les commerces se portent bien. Il y a très peu de turnover, et s’il y en a, c’est car certains partent à la retraite. Et leurs commerces trouvent vite repreneurs. C’est dynamique. Des jeunes s’installent. Le marché amène également énormément de monde, et de plus en plus. Donc le quartier mérite un aménagement.

En attendant, auriez-vous une phrase pour convaincre les Toulousains des autres quartiers de participer à la Foire de la Colombette ?

Qui ne vient pas à la Foire n’est pas Toulousain ! (Rires).

Propos recueillis par Inès Desnot

Foire de la Colombette · Du 29 octobre au 1er novembre 

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