Paris, Texas de Wim Wenders
Il suffit d’entendre les notes de la guitare slide de Ry Cooder pour revoir les premières images du film « Paris, Texas » de Wim Wenders couronné par la Palme d’or à Cannes en 1984. Sous le soleil de plomb du Texas, un homme marche dans le désert. Avec son bidon d’eau à la main, une casquette rouge sur la tête, un costume couvert de poussière et une barbe, il semble surgir d’outre-tombe. Cela ne va pas fort pour Travis Henderson. Son frère Walt est alerté par le patron d’un bar perdu ayant recueilli le vagabond au bord de l’épuisement. Lorsqu’il arrive sur les lieux depuis Los Angeles, Travis a repris la route, mais Walt le retrouve. Après avoir disparu depuis quatre ans, le vagabond demeure mutique. Son fils Hunter, recueilli et élevé par Walt et son épouse Anne, va bientôt redécouvrir ce père qui s’était enfui quand il n’avait que trois ans. Ensemble, ils partiront à la recherche de la mère d’Hunter, Jane.
Plein de silences, de non-dits, d’aveux refoulés, Paris,Texas dévoile à pas lents la vérité des personnages et leurs secrets. Saturées de bleu, de rouge et de vert, les images – ciselées par le fidèle chef-opérateur Robby Müller – se gravent sur les rétines, évoquent les tableaux d’Edward Hopper, dégagent une poésie et une mélancolie post-modernes. Cette stylisation n’empêche pas Wenders de viser la simplicité. Son scénario, coécrit par Sam Shepard et L.M. Kit Carson, raconte les retrouvailles d’une famille.
Road-movie et mélodrame
Avec Paris, Texas, le réalisateur d’Alice dans les villes et de L’Ami américain a signé son film le plus universel. Les comédiens ne comptent pas pour rien dans cette réussite. Harry Dean Stanton tient le rôle de sa vie en campant Travis. Dean Stockwell et Aurore Clément sont parfaits, le jeune Hunter Carson épatant. Quelques minutes suffisent à Nastassja Kinski pour être inoubliable. Entre road-movie et mélodrame, cette histoire d’une reconquête est ponctuée de scènes qui sautent à la gorge.
Des films en super 8 ressuscitent le bonheur et l’innocence perdues. Une cabine de peep-show se transforme en confessionnal. Ce qui se joue des deux côtés du miroir sans tain rattrapera-t-il les années perdues ? Les dialogues sont d’une intensité et d’une émotion peu communes. A l’extérieur, un enfant attend. Le cinéma a parfois des moments de grâce. La preuve avec Paris, Texas.