Née le 6 novembre 1971 à Châlons-en-Champagne, Edwige Farenc a grandi à Dijon où elle a commencé à se passionner pour le violon et la musique d’ensemble à travers le chant choral. Elle y a démarré ses études musicales, qu’elle a ensuite poursuivies durant quatre ans au Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon. Elle part ensuite se perfectionner dans la classe de Viktor Liberman à la Hogeschool voor de Kunsten d’Utrecht aux Pays-Bas. Elle y vit pendant trois ans, trois ans de frustration culinaire durant lesquels elle trafique des fromages et de l’épicerie fine avec ses amis italiens et espagnols….
C’est pendant ses études supérieures qu’elle développe sa passion pour l’orchestre, en étant membre pendant plusieurs années de l’Orchestre des Jeunes de l’Union Européenne, puis de l’Orchestre des Jeunes Gustav Mahler. Elle aura ainsi l’opportunité de jouer sous la direction de musiciens inspirants comme Mstislav Rostropovitch, Vladimir Ashkenazy, Carlo Maria Giulini, Kurt Sanderling, Ivan Fischer, Pierre Boulez ou Bernard Haitink. En 1998, elle fait ses premiers pas à Toulouse en intégrant l’Orchestre National du Capitole. Elle y découvre le plaisir d’appartenir à une formation musicale qui joue aussi bien de la musique symphonique que des ballets et de l’opéra, et ce à Toulouse et à travers le monde, ce qui satisfait autant son amour de la musique et de son métier que son appétit de voyages et de découvertes.
Edwige Farenc donne aussi régulièrement des concerts de musique de chambre au sein de diverses formations, notamment à l’auditorium Saint-Pierre des Cuisines dans le cadre des Clefs de Saint-Pierre, saison de concerts imaginée en toute liberté par les musiciens de l’ONCT. Au fil des années, ayant à cœur de contribuer à la longévité de ce projet qui sait toucher son public à Toulouse depuis maintenant plus de vingt ans, elle s’investit de plus en plus aux côtés des bénévoles de l’association Internotes, qui organise ces concerts. Elle y assure la fonction de présidente depuis l’hiver dernier.
Ce que vous préférez dans la musique ?
Sa capacité à aller droit au cœur et donner envie de danser, de pleurer, de rêvasser…
Ce que vous aimez le moins ?
Qu’on confonde trop souvent romantique et sirupeux.
L’autre instrument dont vous auriez pu jouer ?
Le hautbois ou le violoncelle.
Le ou la violoniste que vous admirez le plus ?
Plus qu’un ou une interprète, je retiens des interprétations qui m’émeuvent : les sonates et partitas de Bach par Grumiaux qui m’ont accompagnée pendant mes études, la perfection d’Oistrakh dans Chostakovitch, l’impeccable concerto de Sibelius par Kavakos, ou ce disque combinant les concertos de Beethoven et Britten joués par Janine Jansen… Quel bonheur (et quel honneur !) aussi d’avoir pu accompagner Gil Shaham dans Brahms, Baiba Skride dans Korngold ou, tout récemment Josek Spacek dans un merveilleux concerto de Berg. Et je sais que la liste continuera à s’allonger.
Votre compositeur favori ?
Le choix peut varier selon l’humeur… Aujourd’hui je vais dire Maurice Ravel.
La scène ou l’endroit où vous aimeriez jouer ?
J’ai eu la chance de pouvoir jouer dans beaucoup de salles mythiques à travers toute l’Europe, en Asie, en Amérique du Sud, mais pas dans celles d’Amérique du Nord… Je choisis donc Carnegie Hall à New York.
La formation que vous aimeriez recevoir aux Clefs de Saint-Pierre ?
Les groupes qui jouent aux Clefs sont constitués principalement de musiciens de l’orchestre du Capitole, puisque cette série de concerts est la leur, donc nous ne recevons pas de groupes. Mais je trouverais assez génial qu’un de nos chefs invités – à l’ONCT – dont la première formation est instrumentiste – comme Joseph Swensen ou Christian Zacharias, par exemple – soit motivé pour se joindre à mes collègues et préparer un programme ! Mais c’est une utopie : il faut du temps pour sonner comme un groupe, cela demande de la disponibilité.
Une personne qui n’est plus et que vous aimeriez revoir ou rencontrer ?
Mon âme de groupie dirait David Bowie ou les Frères Jacques. Mon cœur choisit un ami disparu beaucoup trop tôt.
Le don ou le talent que vous aimeriez avoir ?
Celui d’improviser.
Le défaut pour lequel vous avez de l’indulgence ?
La maladresse.
Votre personnage historique favori ?
Simone Veil.
Personnage de fiction ?
Corto Maltese.
Le film dont vous ne vous lassez pas ?
Il y en a trop que je pourrais citer ! J’ai des goûts assez larges et des plaisirs plutôt variés, qui vont de Kubrick à Miyazaki, en passant par Terry Gilliam, Spielberg, Hitchcock, Tavernier, Cronenberg ou Howard Hawks… Je garde deux finalistes : Certains l’aiment chaud de Billy Wilder, et Blade Runner de Ridley Scott.
Votre livre de chevet ?
Les contes de Grimm.
Votre série télévisée préférée ?
Réponse compliquée, je regarde pas mal de séries et l’offre est maintenant de grande qualité… Mais je vais en citer une qui était en avance sur son temps, est bien plus futée que ce qu’on s’imagine, vieillit très bien, et qui peut s’apprécier selon pas mal d’angles différents : Buffy contre les vampires.
La boisson qui vous rend meilleur ?
Je ne sais pas s’il me rend meilleure, mais je ne vaux rien sans mon thé du matin.
Votre plat favori ?
Je me demande s’il est possible de n’avoir qu’un seul plat favori… Ou alors quelque chose qui rappelle l’enfance, comme une madeleine de Proust ? La recette familiale d’un gâteau à la crème de marrons.
Le cadeau que vous offrez le plus souvent ?
À lire, à boire ou à manger.
Le parfum ou l’odeur qui vous enivre ?
L’odeur verte et légèrement fleurie de la campagne après une averse.
Le métier que vous auriez pu exercer ?
Prof ! De lettres ou de langues.
Le conseil que vous n’avez pas suivi ?
J’ai beaucoup de mal à tourner sept fois la langue dans ma bouche avant de parler…
Votre usage des réseaux sociaux ?
J’ai été dépendante, je pense… Mais j’ai grandi : je m’en sers toujours, mais beaucoup moins, plutôt avec légèreté et en étant consciente de leurs défauts et lacunes.
La mode qui vous indiffère ?
L’indifférence n’est pas mon fort ! En revanche je vois plein de manies et toquades qui m’agacent profondément, et comme – l’âge aidant – la liste s’allonge de plus en plus facilement, je vais vous épargner le supplice de me mettre à râler…
Le paysage qui vous apaise ?
La montagne, en toutes saisons, même si je la fréquente plus en été.
Le voyage dont vous rêvez ?
Pour mes loisirs ? Un mois au moins à me perdre à pied et en train dans les paysages du Japon. Pour le travail, je rêve que notre orchestre reparte en tournée comme avant la crise sanitaire : Amérique du Sud, Japon, Europe, etc. Les tournées renforcent nos liens, notre connivence, et, selon moi, nous rendent de fait collectivement meilleurs. Nous y vivons nos expériences artistiques et humaines les plus joyeuses, marquantes et enrichissantes.
La ville ou le pays ou vous pourriez vivre ?
L’Italie.
Ce que vous préférez à Toulouse ?
La lumière chaude que crée la brique rouge, la Garonne.
Ce que vous aimez le moins ?
Toulouse est très bétonnée-pavée, je trouve étrange qu’une ville du sud propose si peu de vrais espaces verts et frais, ou de fontaines.
Votre devise ?
Comme il est dit dans Certains l’aiment chaud : « Personne n’est parfait ! »
Coup de cœur
« J’ai très envie d’aller voir l’exposition consacrée à Joséphine Baker au Musée départemental de la Résistance et de la Déportation. Et j’ai hâte que les deux musées de la rue de Metz, les Augustins et la Fondation Bemberg, rouvrent leurs portes, car ils me manquent ! Spécialement le cloître des Augustins, j’aime beaucoup les cloîtres, j’ai un attrait particulier pour ces lieux de fraîcheur et de sérénité… »
Propos recueillis par Christian Authier