Qui trop embrasse…
Fraté, le film de Karole Rocher et Barbara Biancardini se déroule en Haute Corse, dans le village de Vezzani, de nos jours. Dumé vit une existence pépère dans ce petit village de l’Île de beauté qui l’a parfaitement adopté, lui qui est originaire d’Afrique noire.
Mais voilà, la roue tourne et son papa vient de mourir. C’est le moment d’ouvrir le testament du patriarche de Vezzani. Et là, surprise, voici qu’a été convoqué pour ce faire devant notaire, Lucien, un frère, ou du moins un demi-frère dont Dumé ne connaissait même pas l’existence. Autre surprise, pour que l’héritage fonctionne, à savoir la propriété immobilière du domaine, les deux hommes doivent vivre un mois ensemble. Bon, 30 jours, ce n’est pas la mer à boire. Problème, Dumé ne supporte pas la présence de l’intrus. La guerre éclate ! Le doute n’est même pas permis quant à son issue, d’autant que nous sommes dans le cadre d’une comédie. Mais une comédie qui creuse ouvertement et profondément des thématiques ultra sensibles : identité, racines, appartenance et glisse un coin brûlant sur le racisme.
Plus d’une fois, le scénario, signé Thomas Ngijol, qui se veut/se voudrait une drôle d’affaire de famille, frôle la sortie de route et met carrément mal à l’aise. Pour son deuxième long métrage, Karole Rocher cosigne avec sa fille Barbara Biancardini, à l’évidence un film-hommage à sa terre natale. Les frères « ennemis » sont parfaitement distribués même si l’on peut préférer le jeu tout en retenu et parfaitement sensible de Samir Guesmi (Lucien) à celui, plus « spectaculaire » de Thomas Ngijol, compagnon à la ville de Karole Rocher, ici Dumé un brin caricatural, stigmate classique du one-man-show dont il est actuellement l’une des stars parisiennes.