Toulouse, 1991. A la faculté de droit, Sébastien rencontre Frédéric. Au sein de leur petite bande, ces deux-là se ressemblent et s’assemblent. Ils sont exaltés, romantiques, provocateurs, « antimodernes par principe, sceptiques par conviction, et fatalistes pour le reste. » Ils rêvent d’aventure et s’enivrent de lectures. Le café Saint-Sernin est leur repaire. L’époque est chaotique, trompeuse. Le mur de Berlin est tombé, la guerre froide s’estompe, mais d’autres guerres – Irak, Yougoslavie… – vont prendre le relais. Le passé revient en force avec son lot de sauvagerie et de tragique. C’est d’ailleurs dans les Balkans que Frédéric va satisfaire sa soif d’action en décidant d’aller combattre auprès des nationalistes croates. Quitte à abandonner Sébastien et Sophie, la jeune chargée de cours dont ils étaient amoureux. Trente ans après, Sébastien se souvient. Les souvenirs sont devenus des remords. Ceux-ci obligent à partir à la recherche de l’ami disparu.
Le temps des jeunes gens
Avec son premier roman, Sébastien de Courtois, auteur de plusieurs récits et essais, ressuscite un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Cette France du début des années 1990 avec ses cabines téléphoniques et ses cafés enfumés semble avoir plus d’un siècle. Cependant, les motifs de L’ami des beaux jours sont intemporels et universels. L’auteur saisit avec autant de force que de délicatesse les derniers éclats de l’insouciance de la jeunesse puis les illusions, les faux pas d’un feu follet, d’un ange noir dont le destin a épousé celui de tant de soldats perdus emportés dans des guerres elles aussi perdues d’avance.
Sébastien, lui, doit sans doute réciter ces vers d’Aragon : « Quand j’étais jeune on me racontait que bientôt viendrait la victoire des anges / Ah comme j’y ai cru comme j’y ai cru puis voilà que je suis devenu vieux / Le temps des jeunes gens leur est une mèche toujours retombant dans les yeux ». Que reste-t-il des beaux jours ? De la littérature, un tombeau de mots et de papier. Semper fidelis.