Noblesse du violon et apothéose de la danse
Des chefs-d’œuvre de Glazounov et de Beethoven sont au programme du prochain concert de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, dirigé à la Halle aux Grains par Xian Zhang.
Placé sous la direction de la Chinoise Xian Zhang à la Halle aux Grains, un concert «Happy Hour» de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse met au programme le Concerto pour violon d’Alexandre Glazounov interprété par Kristi Gjezi, super soliste de la phalange. L’œuvre la plus connue du compositeur a été écrite en 1904, pour le musicien hongrois Leopold Auer. Construite en quatre mouvements enchaînés, cette page à la fois virtuose et d’une élégance raffinée, noble et lumineuse, sera créée l’année suivante à Saint-Pétersbourg par Auer et la Société musicale russe dirigée par le compositeur.
Trois semaines auparavant, la ville avait subi les massacres du Dimanche rouge marquant les débuts de la révolution de 1905: les troupes tsaristes tirèrent sur la foule de manifestants. Soutenant publiquement les étudiants contestataires, Glazounov fut licencié du Conservatoire de Saint-Pétersbourg où il enseignait, avant d’être réintégré à la suite de la mobilisation massive des élèves et de ses collègues. Par la suite, lorsque le directeur de l’établissement fut remercié, il fut remplacé par Glazounov.
Xian Zhang dirigera ensuite la sensationnelle Septième Symphonie en la majeur, que Ludwig van Beethoven jugeait comme l’une de ses meilleures pages. Les commentaires à son sujet ne manquent pas: pour le compositeur Carl Maria von Weber, c’était une musique de fou et son auteur était devenu bon pour être enfermé à l’asile ; Friedrich Wieck, père de Clara Schumann, décrivait le dernier mouvement comme «l’œuvre d’un homme ivre»…
Achevée en 1812, elle a été composée en Bohème, en parallèle à l’écriture de la Huitième Symphonie. Après des libertés prises dans les symphonies précédentes, la Septième adopte une forme classique stricte. Purement musicale et absolument jouissive, cette œuvre est dénuée de message autobiographique et d’intentions descriptives. La partition est structurée en quatre mouvements: écrits en majeur, trois d’entre eux sont traversés de rythmes incessants et encadrent le deuxième mouvement lent. Créée à Vienne en 1813, sous la direction du compositeur, la Septième Symphonie connaît un succès immédiat.
Richard Wagner, qui la dirigea, écrit à son propos: «Sur les pas moelleux du rythme, harmonie et mélodie s’enchaînent et, presque sous nos yeux, forment une ronde tantôt hardie, tantôt sensuelle, tantôt abandonnée, tantôt hurlante de bonheur, jusqu’au moment où un baiser de joie scelle leur embrassement final». Au sujet du finale, celui-ci ajoute: «Tout le tumulte, tout le désir et les tempêtes du cœur deviennent ici l’insolence bénie de la joie, qui nous emporte avec une puissance de bacchanale à travers l’immensité de la nature». Wagner considérait tout simplement la Septième Symphonie comme «l’apothéose de la danse même: c’est la danse à son plus haut degré, le principe même du mouvement corporel incarné dans la musique».
Orchestre national du Capitole
samedi 30 avril 2022
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