« Ce que je déteste au théâtre, c’est la tiédeur » Christophe Ghristi
Enfin est arrivé ce moment qui fait frissonner d’impatience tout mélomane toulousain, celui de l’ouverture de la plaquette annonçant la future saison capitoline. Et cette année encore, le compte y est. Largement !
Comme il se doit, c’est Francis Grass, représentant le Président de Toulouse Métropole, Jean Luc Moudenc, qui ouvre la conférence, soulignant l’appui essentiel de cette collectivité à la bonne marche du vaisseau amiral de la culture toulousaine. Soulignant aussi, et il s’en réjouit et félicite à juste titre, combien le public est revenu en masse au Théâtre du Capitole, qu’il convient d’ailleurs d’appeler aujourd’hui « Opéra national du Capitole de Toulouse ». En effet, que ce soit pour Carmen, La Flûte enchantée ou le plus rare Platée, la salle a frôlé le « guichet fermé » !
Un Tristan d’une autre planète
La parole étant donnée à Christophe Ghristi, directeur artistique de cette maison, il ne restait à ce dernier qu’à dérouler le tapis fastueux d’une saison conjuguant habilement grand répertoire, chefs-d’œuvre et création mondiale. Ce qui interpelle est la constitution virtuelle d’une véritable « troupe » à l’ancienne, une poignée d’artistes, chanteurs comme chefs d’orchestre, voire metteurs en scène, que Christophe Ghristi invite tous les ans ou presque au Capitole, créant ainsi des liens de familiarités et d’amitiés, certainement gagnants pour tout le monde. Mais cette « troupe » ne fait en aucun cas l’économie de nouvelles voix. Et c’est cela qui est passionnant : la découverte de jeunes talents. Ces derniers n’hésitent pas à venir « prendre » des rôles au Capitole car ils savent les conditions exceptionnelles de travail qui les attendent. Dans tous les spectacles de cette future saison, nous découvrirons des nouveaux noms.
Pour ouvrir la saison, Christophe Ghristi affiche le chef-d’œuvre lyrique d’Antonin Dvorak : Rusalka, une création in loco, avec la première ondine d’Anita Hartig. Suivra une nouvelle Bohème puccinienne avec une double distribution faisant la part belle à la jeune école française de l’art lyrique. Idem pour la reprise des Noces mozartiennes qui suivra sous la direction d’Hervé Niquet. Le mois de février 2023 verra, au Théâtre Garonne, partenaire, la création mondiale, juste après le Théâtre de l’Athénée à Paris de Dafné, de Wolfgang Mitterer. Retour en terrain connu par la suite avec le Tristan wagnérien, dans la mise en scène de Nicolas Joel, sous la direction de Frank Beermann, avec une distribution de… prises de rôles : Sophie Koch (Isolde), Nikolaï Schukoff (Tristan), Matthias Goerne (Marke), Anaïk Morel (Brangäne), Pierre-Yves Pruvot (Kurwenal). Excusez du peu ! La Traviata du regretté Pierre Rambert accompagnera le Printemps 2023 avec une double distribution internationale. Le Viol de Lucrèce de Benjamin Britten continuera l’intégration des œuvres du grand compositeur britannique au répertoire capitolin. La saison se terminera avec la création en langue originale du Mefistofele de Boito.
De nombreux récitals et concerts enrichissent comme chaque année ce programme. Ils nous permettront d’entendre Ramon Vargas, Violeta Urmana, Pavol Breslik, Matthias Goerne, Nina Stemme et Stéphane Degout. Le retour des Sacqueboutiers, ainsi que celui du Concert des Nations sous la direction de Jordi Savall constituent à l’évidence des rendez-vous également incontournables.
Il appartenait à Claire Roserot de Melin, Administratrice générale, de clore cette réunion, soulignant l’importance de la mission d’ouverture du Capitole au plus grand nombre, rappelant le cycle des actions menées à destination du public le plus large. Quant à la billetterie, il n’est rien de dire que les nouvelles habitudes, dues vraisemblablement à la pandémie, ont amené le Capitole à proposer une souplesse incroyable quant aux formules d’abonnements littéralement à la carte.
Robert Pénavayre
une chronique de ClassicToulouse
Opéra national du Capitole
Saison 2022 / 2023
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