A l’universalité de la danse
En filmant la convalescence d’une danseuse blessée lors d‘une chute sur le plateau, Cédric Klapisch nous parle d’une renaissance en même temps qu’il filme le corps en détresse se réinventer et finir par redevenir boule d’énergie dans un autre univers artistique. Passionnant !
Elise est danseuse dans la plus grande Compagnie de ballet du monde, celle de l’Opéra de Paris. Ce soir elle est Nikiya dans la prodigieuse chorégraphie de La Bayadère signée Rudolf Noureev, un joyau du répertoire de notre première scène nationale. Perturbée par une liaison sentimentale en proie à des vicissitudes, elle manque un grand jeté et se retrouve au sol, en pleine représentation. Le verdict tombe : cheville cassée. Verdict assorti d’une sentence : reprise peu probable de la danse. Tout s’écroule autour d’Elise, elle qui a consacré jusqu’à présent sa vie à cet art. Yann, son ami kiné, n’est quand même pas aussi alarmiste, même s’il prédit un temps long pour la récupération. Ce temps, Elise va le passer dans une résidence artistique tenue d’une main ferme autant que pleine d’empathie par Josiane. Elise va être préposée à la cuisine. Justement, magie des scénarios, arrive dans ladite résidence, une troupe de danseurs menée par l’Israélien Hofesh Shechter (lui-même dans le film). Tout en épluchant ses légumes, Elise découvre le travail de ce chorégraphe. Puis le moment miraculeux survient…
Un film pour balletomanes ? Oui, c’est évident. Mais pas que ! L’histoire de cette renaissance est un hymne formidable à la volonté, au courage, à l’optimisme, à la foi en un avenir meilleur. Cédric Klapisch sait comme personne filmer l’énergie, le mouvement, la musicalité, la force et la fragilité des corps dansants. C’est un amoureux de cet art si exigeant, sa caméra en témoigne. Il a choisi parmi les soixante danseuses de l’Opéra de Paris, l’une des Premières danseuses, Marion Barbeau qui, à cette occasion, fait ses premiers pas dans un film de fiction. Elle est éblouissante de naturel, de profondeur, d’engagement. Une découverte. A ses côtés, comme pour l’entourer, du beau monde. Henri, son papa, c’est Denis Podalydes. Josiane, la mater familias de la résidence artistique, n’est autre que Muriel Robin. Comme à son habitude dans des rôles de composition sensibles, elle s’y montre souveraine. Il y a aussi l’amoureux transi. Vous l’avez deviné : Yann le kiné. Dans ce rôle que l’on pourrait qualifier de contre-emploi tant le personnage paraît un peu « simple », François Civil, en artiste accompli, est tout simplement formidablement attachant. Il y a aussi le couple infernal Loïc (Pio Marmaï) et Sabrina (Souheila Yacoub), infernal car ils passent leur temps à se disputer tellement ils s’aiment. Comment ne pas citer aussi la Compagnie de danseurs, tous magistraux. Dans un plan final qui associe le Ballet des Ombres de La Bayadère, tout un symbole, à l’envolée d’Elise vers une autre vie, c’est toute l’universalité et l’éternité de la danse qui s’imposent. Superbe !