C’est une grande première ! Les Abattoirs proposent depuis le 17 février et jusqu’au 8 mai 2022, une exposition participative dénommée “À vous de choisir”. Après un mois de délibération et des centaines de votes en ligne, dix-huit œuvres ont été retenues.
Durant un mois (depuis le 17 février et jusqu’au 8 mai 2022), le musée des Abattoirs propose aux visiteurs et passionnés d’art de créer leur propre exposition. Dénommée “À vous de choisir”, l’initiative a invité le public à voter pour son œuvre favorite parmi 62 créations préalablement sélectionnées par l’établissement. Au total, 585 personnes provenant de toute la France ont effectué un choix, retenant dix-huit œuvres qui sont exposées respectivement au 1er et 2nd sous-sols du musée.
La liste des œuvres sélectionnées :
- ALP LE COLLECTIF / La réalité n’existe pas / 2005
- Eduardo T. BASUALDO / Still here / 2012
- Pilar ALBARRACÍN / Visceras por tanguillos / 2016
- David ALTMEJD / Sans titre / 2008
- Bianca BONDI / Bloom, (rien ne se perd) /2019
- Marion LEFÈBVRE / 14.07.89 / de 2011
- CÉSAR Coque Vallelunga n°1 1986
- Dominique GONZALEZ-FOERSTER / Ann Lee in Anzen Zone No Ghost just a Shell / 2000
- Pierre SOULAGES / Peinture 222 x 400 cm / 1984
- Zanele MUHOLI / Bakhambile Skhosana, Natalspruit / 2010
- Jean DUBUFFET / La Bouture / 1956
- Annette MESSAGER / Mes vœux / 1990
- Djamel TATAH / Les femmes d’Alger / 1996
- Miguel Ángel ROJAS / David / 2015
- Alain SÉCHAS / Chat boxeur / 1998
- Margaret HARRISON / Greenham Common / 1989 – 2013
- Miquel BARCELÓ / Sans titre / 1992
- Georges MATHIEU / La Bataille de Hastings /1956
Horizontaux…
Alain Séchas et son “Chat Boxeur” proposent au public de faire face à un prisme de l’enfance dans une violence habilement dessinée. De rouges et bleus néons clignotent pour attraper l’œil du visiteur. Une enseigne troublante, à l’effet burlesque attachant.
“On dirait la devanture d’une épicerie de nuit. Je l’imagine clignoter et accueillir les rôdeurs la nuit”, Thomas, 32 ans.
Cette installation fait référence au Camp de femmes pour la paix de Greenham Common au Royaume-Uni (1981-2000). Ce campement pacifiste protestait contre l’installation de missiles nucléaires sur la base Royal Air Force de Greenham Common, dans le Berkshire. Œuvre aux dimensions humanistes, Margaret Harrison y joue des contrastes marquant entre la vie et la guerre. Barbelés roses, nounours grillagés, fidèles témoins de l’absurdité des conflits.
“Un bel hommage d’une artiste à toutes les actions pacifiques réalisées par des personnes engagées pour un avenir et un monde meilleurs”,
Daniel, 71 ans.
L’outrenoir, l’au-delà du noir, ou la lumière transmutée. Une œuvre « monopigmentaire », dans laquelle la lumière semble résister à une
obscurité vorace.
“Je ne saurai dire pourquoi ce peintre me touche autant. Je ne suis pas spécialiste de l’art, je n’ai pas les mots. Mais les œuvres de Soulages confèrent une sensation physique extraordinaire : celle de découvrir de la lumière dans le noir ! C’est comme ouvrir un livre et y découvrir le savoir”,
Florence, 62 ans.
…Verticaux
Via sa création “Bloom”, Bianca Bondi propose une représentation poétique du temps et de ses effets. Dans cette œuvre colmatée, végétaux, minéraux, ou encore objets se côtoient et partagent ensemble l’évolution temporelle. Touchant de simplicité, l’artiste aborde avec originalité une thématique universelle.
“À première vue, l’ensemble paraît chaotique. Mais quand on s’y penche un peu plus, on y découvre que tout y a sa place. Une représentation du temps harmonieuse”,
Marie, 67 ans.
Pilar Albarracín aborde dans sa réalisation la condition des femmes soumises à l’emprise des stéréotypes espagnols. Une robe aérienne, un corps en perdition. Une œuvre à mi-chemin entre splendeur et violence.
“En la contemplant, j’observe un contraste étrange. Entre violence et poésie”,
Véronique, 37 ans.
Conception homo-érotique, l’artiste Miguel Ángel ROJAS expose ici l’image nette et intacte d’un corps. Nu symbolique, épuré, un David aux résonances sociales contemporaines.
“J’aime beaucoup le nu aux Abattoirs, le regard du photographe met en valeur l’expression et posture de son modèle tout en oubliant ses membres”
Sandrine, 49 ans.
“On est agréablement surpris pour une première”
De son côté, la direction du musée se réjouit de l’enthousiasme du public pour l’événement “À vous de choisir”. “600 votes sur trois semaines, des œuvres encore jamais exposées à Toulouse (“Bloom” et “Greenham Common”), on est agréablement surpris pour une première”, explique Annabelle Ténèze, directrice des Abattoirs.
Initialement prévue pour les 20 ans du musée, l’exposition s’installe dans une volonté pour l’établissement de nouer des liens plus rapprochés avec la population. “Ce type de projet nous permet de montrer au public que sa perception nous intéresse, c’est une manière de rapprocher les créateurs du regard des visiteurs. C’est aussi l’occasion de faire découvrir nos procédés, on y évoque nos manières de créer une exposition, on vulgarise nos procédés”, précise la directrice. Le succès étant au rendez-vous, cette initiative conforte le musée dans l’idée de créer de nouveaux contenus participatifs. Des ateliers créatifs auprès d’étudiants devraient d’ailleurs bientôt voir le jour.