Des anonymes se retrouvent dans l’Intercités n°5789. Un des derniers trains à voyager de nuit. Direction les Hautes-Alpes. Il y a un médecin qui part vider la maison de sa mère, un couple de jeunes retraités qui s’offre une parenthèse, il y a un jeune anhèle pour qui le futur semble complexe, une mère débordée avec ses deux enfants, un représentant de commerce soucieux pour son travail, il y a enfin une bande de jeunes passionnés. Ils se retrouvent tous dans ce train que le hasard a décidé de réunir. Ils n’auraient pu jamais se croiser, ils n’avaient rien en commun, et pourtant ce voyage va casser bien des barrières et des conventions que seule la nuit et la promiscuité peuvent créer.
Voyager dans l’ombre
D’abord, la solitude de chacun, voulue ou imposée. On n’ose pas s’approcher, encore moins se parler. Le voyage va être long et durer toute la nuit. Mais il suffit d’une situation, d’une amorce. Un des enfants du wagon couchette semble malade, le docteur propose son aide et rassure la mère. Et voilà que la pièce s’anime. Le commerçant décide à son tour d’aborder la mère, le jeune homme questionne le docteur. Le murmure des conversations remplace le silence pesant. Puis c’est la femme retraitée qui surprend une conversation entre les jeunes, surtout un qui parle d’engagement. Cela lui rappelle sa jeunesse, elle le lui dit. Toutes ces conversations inattendues vont donner lieu à des révélations et des secrets. Parler à un inconnu qu’on ne recroisera peut-être jamais. Ce qu’ils ne savent pas encore c’est qu’au bout de cette nuit une terrible catastrophe va les lier pour toujours.
Philippe Besson crée un huis clos intime et inquiétant à la fois. Les personnages deviennent tour à tour attachants ce qui augmente l’angoisse d’imaginer la fin prématurée de l’un ou plusieurs d’entre eux. Et pourtant la lecture se poursuit dans ce mélange d’anxiété, de tension et – in fine – de douceur. Savant mélange d’émotions qui donne un récit vif et poignant.
Paris – Briançon • Editions Julliard