La photo à haute vitesse à l’honneur avec l’exposition «Sculptures Éphémères»
Jusqu’au 27 février, l’Espace EDF Bazacle, accueille l’exposition photo « Sculptures Éphemères » de Josette Cambolives et Rose-Marie Lescure, à la Galerie de l’Œil. Un procédé peu connu auquel il faut s’armer de patience et de persévérance pour obtenir un résultat satisfaisant. Rencontre avec Josette Cambolives et Rose Marie Lescure pour en apprendre plus sur la photo rapide.
Pouvez-vous expliquer en quoi consiste la photographie à haute vitesse ?
R.M Lescure : Les photos sont prises à un dix millièmes de seconde ce qui est très rapide. Dans ce cadre précis, c’est le flash qui va saisir la collision. En fait la photographie à très grande vitesse permet d’observer ce que l’œil ne voit pas. Je pense que c’est tout ce qui caractérise ce style de photo
Dans le détail, comment cela fonctionne ?
R.M Lescure : Au départ, nous avons téléchargé une carte numérique Arduino. Ensuite un logiciel qui a été conçu par un photographe allemand qui a mis sa création à disposition du public. Mon mari l’a téléchargé et depuis, nous utilisions ce dispositif qui commande tout le système. Cela permet de piloter la séquence complète du dispositif de prise de vue, c’est-à-dire les ouvertures et fermetures des électrovannes, la pose bulb du réflex, le déclenchement du flash. Lorsque les gouttes d’eau vont se rencontrer, à ce moment le flash se déclenche et saisi la collision. L’impact d’une goutte d’eau à la surface d’un liquide produit dans un premier temps une couronne et une poche d’air en son centre. Ensuite, la couronne se referme partiellement sur elle-même et il apparaît une colonne d’eau ascendante. Une 2e goutte retardée percute le sommet de la colonne afin de produire une figure surprenante. La brièveté du phénomène est figée grâce à l’éclair du flash, afin de saisir « ce que l’œil ne voit pas ».
Josette Cambolives : Tout ceci est électronique. Tout ce dispositif permet de ne prendre qu’une seule photo. Nous ne faisons rien, c’est l’appareil qui déclenche la prise de vue.
Qu’est-ce qui vous anime dans la photographie ?
Josette Cambolives : Nous faisons parties d’un club photo dans lequel nous participons à des concours et lors d’un de ces événements une personne avait présenté ce genre de goutte. Nous nous sommes demandées quelle était cette méthode. Donc cela nous a intriguées et puis nous nous sommes informées sur ce dispositif. Ainsi, nous avons commencé avec une poche de congélation avec de l’eau colorée et nous nous sommes mis dans le noir avec le flash.
Faut-il être expérimenté en photo afin de pouvoir pratiquer ce système de prise de vue ?
R.M Lescure : Pour le photographe non. Mais pour toute la partie technique et électrique, il faut être expérimenté. Notre partie est l’artistique et la photographie. L’artiste, car nous faisons le mélange des colorants.
Josette Cambolives : Nous essayons de mettre des couleurs qui se combineraient bien entre elles lors de la collision. Comme c’est à haute vitesse nous ne voyons pas ce que nous faisons.
Combien de temps vous faut-il pour réaliser ces photos ?
JC : Nous passons deux heures pour faire entre 400 et 500 photos. Par la suite, nous nous mettons à l’ordinateur et nous voyons les prises de vues. Parfois, on va en trouver certaines très belle et des fois certaines passent à côté.
R.M Lescure : Ce qui est le plus complexe c’est les trajectoires. Il faut que les trois électrogènes convergent vers le même point et qu’elles se touchent. Nous avons beau aligner correctement parfois cela marche et des fois la goutte peut partir à côté. Donc, on peut avoir de belle collision comme de belle déception. Lorsque j’ai débuté cette discipline, il y a quatre ans, je pouvais déclencher 500 fois et obtenir un ou deux clichés intéressants. Avec le temps, la patience et un bon technicien à mes côtés (mon mari !) j’ai amélioré le « rendement ». Aujourd’hui pour 500 prises de vues je peux obtenir jusqu’à 15 ou 20 photos sympas.
Avec ce système, est-il nécessaire de faire des retouches sur vos photos ?
Josette Cambolives : Les gouttes lors de la collision elles éclaboussent. Donc nous on nettoient physiquement sur la photo.
R.M Lescure : Il n’y a aucuns trucages. En post traitement je supprime uniquement les éclaboussures.
Pourquoi avez-vous décidé de travailler essentiellement qu’avec des gouttes ?
Josette Cambolives : Nous trouvons cela jolie. Aussi, cela me fais penser au verre de Murano.