Festival ICI&LÀ : « Un festival-panorama pour s’immerger dans les danses d’aujourd’hui »
« Un festival-panorama pour s’immerger dans les danses d’aujourd’hui ». C’est ce que propose La place de la Danse du 20 janvier au 12 février 2022 avec le festival ICI&LÀ. « Pendant 3 semaines, les styles s’entrelacent et les artistes reconnu·e·s et émergent·e·s se côtoient. On y parle de nos corps et du monde qui nous entoure, de sa violence implacable comme de son infinie douceur. Un monde où s’aventurer ensemble. ICI, le temps d’un hiver, LÀ, le temps d’un festival », expliquent les organisateurs.
Il est possible de retrouver jusqu’au 23 janvier Cascade au théâtre Garonne. Dans le détail, au cœur d’un décor imaginé par Philippe Quesne, sept danseurs et danseuses créent des rivalités alternatives pour s’adapter à un territoire transitoire où tout est réinventé à chaque instant. Balançant au bord d’un monde qui disparaît à vue d’œil, ils·elles se lancent dans une nouvelle dimension spatiale et temporelle, à la recherche d’un passage secret, d’une future aire de jeux, d’un refuge. Propulsé·e·s sur un plateau à l’allure intergalactique : les courses et les chutes se succèdant, les corps perdent leurs repères, les principes sont renversés et rejetés. Ce qui perturbe devient ce qui anime. Le 28 janvier, à la Place de la Danse, Volmir Cordeiro propose « Métropole ». Avec Une tête de félin, rose. Des cheveux longs, mauves. C’est dans un accoutrement, mi-sauvage, mi-fashion, que Volmir Cordeiro campe à lui tout seul Métropole. Avec son incroyable plasticité de visage, de corps et de travestissement, il lâche sur la scène une humanité urbaine grouillante de corps tirant dans tous les sens. Admirateur de tous les expressionnismes de l’art, de l’Allemagne de Valeska Gert au Brésil de Lia Rodrigues, avec qui il travailla et à qui il dédie cette pièce, Volmir Cordeiro croit en la puissance révolutionnaire de la danse. Qu’elle soit exagération de la grimace, scandale du geste réprouvé et mis au ban, ou loufoquerie transgressive. Face à la normativité sociale – et à la caisse-claire du percussionniste Philippe Foch –, Volmir Cordeiro rue dans les brancards pour sa (et notre) plus grande joie : se sentir libre.
Wax, Glitch, Groove
Le festival ICI&LÀ propose de découvrir la première création de Soa Ratsifandrihana qui part aux confins du groove, cet indéfinissable et jouissif « presque rien » qui fait battre la rythmique musicale tel un cœur. Dans groove, ce qui importe, ce sont les blancs, ces petits espaces qui traduisent sur le plan graphique les silences, les suspens que Soa Ratsifandrihana perçoit dans la musique dont on dit qu’elle groove, justement. Dans un autre registre de danse, il est possible de voir Glitch le samedi 5 février. Ainsi, Florencia Demestri et Samuel Lefeuvre étendent à la danse les anomalies qui affectent parfois les fichiers numériques et en déforment sons et images. Dans GLITCH, les actions les plus banales, les gestes les plus simples se mettent à défaillir, dans une répétition bégayante et rapide, un arrêt vibratile prolongé ou une déliquescence du mouvement qui se désagrège. Dans un environnement visuel et sonore lui-même perturbé, le glitch finit par altérer les perceptions des spectateur·rice·s, plongé·e·s dans une nouvelle dimension de la réalité. Une esthétique de l’erreur aussi dérangeante que fascinante. Parmi les propositions d’artistes lors du festival ICI&LÀ, Tidiani N’Diaye, dans un duo haut en couleur, Wax bouscule quelques a priori sur ce qui est africain et ce qui ne l’est pas.
Le samedi 29 janvier, au RING – Scène Périphérique, il sera possible de voir danser Julie Nioche, avec Doers. « Comment se laisse-t-on imprégner par les gestes des autres ? Et comment ces gestes « fantômes » éveillent-ils nos convictions secrètes ? Dans ce duo créé à Toulouse, Julie Nioche mène une enquête sur cette empreinte en elle et en nous ». Julie Nioche est allée à la rencontre des danses de Lisa Nelson et Steve Paxton dans la pièce PA RT créée en 1978. Elle cherche à comprendre comment cette pièce nous regarde aujourd’hui d’un point de vue artistique, politique, sociétal, et personnel. Comment se laisser imprégner par d’autres gestes ? Par les gestes d’autres pour poursuivre les siens ? Comment ces gestes nous atteignent-ils et nous parlent-ils de sujets peu visibles tels que : la résistance à tout ce qui est trop normatif, la persévérance dans le travail de la danse, la générosité dans le partage de savoir-faire, les recherches dans la langue de la sensation, la place à faire aux invisibilisé·e·s, le retour à « son » territoire, la confiance en un pouvoir existant en chacun·e et non exercé sur l’autre, l’écoute subtile, la puissance de la douceur ? Cette pièce est le point de départ de PODERE, projet polymorphe que Julie Nioche développe de 2021 à 2024. PODERE signifie ÊTRE CAPABLE en latin populaire. Elle manifeste au sein de différents dispositifs dansants la puissance d’actions collectives.