La première, c’est à l’occasion d’un Happy Hour à 18h, le samedi 22 janvier pour un concert Mozart suivi de Schubert, et la seconde, le samedi 5 février à 20h pour un opéra en deux actes, donné pour la première fois à Toulouse, Le Villi de Giacomo Puccini, à la Halle bien sûr, et en version concert.
Deux œuvres au programme du samedi 22. Le concert débute par le Concerto pour flûte et harpe en do majeur de Mozart avec deux musiciennes, la flûtiste Joséphine Poncelin de Raucourt et la harpiste Mélanie Laurent. Une œuvre rarement donné à la Halle, on en conviendra. Composée à Paris en 1778, elle est en trois mouvements sur une durée d’environ trente minutes. Notons que la harpe de 1778 n’est pas la même que celle de 2022 ! La Symphonie n°3 de Franz Schubert n’est pas non plus celle de ce compositeur que l’on entend fréquemment à la Halle. Autant donc en profiter. Cette œuvre de jeunesse est en quatre mouvements (Adagio maestoso suivi de Allegro con brio – Allegretto – Menuetto – Presto vivace sur environ 23 minutes). Le tout est placé sous la direction de la jeune trentenaire polonaise Marta Gardolińska, pour la première fois ici même. La jeune cheffe vient d’être nommée à partir de la saison 2021-2022 au poste de directrice musicale de l’Opéra national de Lorraine, un talent unanimement reconnu et salué, plus particulièrement lors de la création française d’un opéra oublié, Der Traumgörge de Zemlinsky à Nancy tout récemment. Une vraie performance musicale.
À la harpe, Mélanie Laurent, homonyme de l’actrice mais à ne pas confondre donc avec la Médaillée d’Or de l’USA International Harp Competition 2019, l’un des concours de harpe les plus prestigieux du monde. Sans oublier le Premier Prix du Concours de harpe Leopold Bellan en 2017, parallèlement à sa formation au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. « Par sa virtuosité et sa sonorité riche et sensible, Mélanie a charmé le public américain, selon le Harp Column Magazine, qui la qualifie de « source d’inspiration » et vante son « toucher d’or ».
À la flûte, Joséphine Poncelin de Raucourt. Diplômée des conservatoires supérieurs de Rotterdam et de Paris, la musicienne occupe depuis 2016 une place de flûtiste et piccoliste à l’Orchestre National du Capitole de Toulouse (ONCT). Elle intègre en septembre 2020 l’Orchestre National de France (ONF) au poste de flûte solo. Elle s’est formée au sein de l’Orchestre des Jeunes des Pays-Bas (NJO) et de la prestigieuse académie du festival de Lucerne, d’où son goût pour la musique contemporaine, et a acquis de l’expérience professionnelle à l’Orchestre National de France, l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam ou l’Opéra National de Lorraine.
Samedi 5 février, nous retrouvons donc Speranza Scappucci qui nous avait plutôt favorablement impressionné lors de l’ouverture de saison 2020 au Théâtre du Capitole. En effet, l’opéra Les Pêcheurs de perles ne pouvant être donné, Christophe Ghristi trouve moyen de présenter quand même un opéra sur la scène du Théâtre et ce fut, avec tous les problèmes en découlant, Cosi fan tutte avec dans la fosse Speranza Scappucci qui participe, plus qu’efficacement au sauvetage de l’ouverture de saison. On ne détaillera pas à nouveau mais ce fut, disons épique. La cheffe fut alors très chaleureusement remerciée et acclamée.
Rebelote, puisqu’on apprend qu’avant d’arriver à Toulouse, à partir du 18 janvier, elle sauve les représentations, au Théâtre de la Scala de l’opéra Les Capulets et les Montaigus.
« Elle sera donc la première italienne à monter sur le podium de la fosse scaligère et nous nous en réjouissons aussi bien pour elle que pour le public milanais. Speranza Scappucci remplacera en effet Evelino Pidò, qui a dû renoncer à diriger les représentations d’I Capuleti e i Montecchi de Bellini à partir du 18 janvier prochain, « pour des motifs liées à l’urgence sanitaire », selon le communiqué de la Scala. La cheffe romaine devait diriger pour la première fois l’orchestre dans le cadre de la saison symphonique en mai. » Cédric Manuel
Comme Romeo et Juliette, elle va diriger Marianne Crebassa et Lisette Oropesa !! Rien que ça !! la dernière est le 2 février. De Bellini encore le 2, la baguette passera à Puccini dès le 5. L’italienne ne quittera pas…l’Italie, par la musique.
Pour notre part, nous retrouverons, et Speranza aussi, le baryton Alexandre Duhamel que nous avions pu apprécier dans le rôle de Guglielmo de ce fameux Cosi. Ce sera encore un Guglielmo dans ce Le Villi. Nous devions retrouver aussi le ténor Charles Castronovo qui fut un “sacré“ Don José dans le dernier Carmen, mais encore, auparavant, un remarquable Chevalier des Grieux dans le Manon de Massenet, il y a huit ans. Il est remplacé par Luciano Ganci, qui chante pour la première fois à Toulouse. Sur lui, on a pu lire récemment : « Luciano Ganci est un ténor comme on les aime, au timbre radieux, à la ligne égale et soignée, naturellement généreux, naturellement lyrique. »
Le Chœur du Capitole sera à nouveau dirigé par Patrick Marie Aubert, ouf ! et nous aurons droit à une mise en espace avec Marie Lambert. J’oubliai la soprano Joyce El-Khoury qui chante Anna, la fille de Guglielmo et la promise à Roberto, son fiancé. Anna est la première dans la galerie des héroïnes pucciniennes qui illustre les propos du compositeur sur sa propension à faire couler des larmes.
Créé à Milan le 31 mai 1884, l’intrigue du premier opéra de Puccini, âgé alors de 26 ans, Le Villi est très simple et mieux connu du public dans la version du célèbre ballet d’Adam, intitulé Giselle ou les Willis (Paris, 1841). L’œuvre s’appuie sur un argument de Théophile Gautier, lui-même basé sur une légende, semblant d’origine slave, racontée par le poète Henrich Heine dans son essai sur les esprits et démons de l’Allemagne (De l’Allemagne, 1835). Les légendes de Lorelei et Ondine ne sont pas loin. Le choix qu’en fait le librettiste Fontana pour un sujet d’opéra est sans doute dicté par le succès que recueille le ballet d’Adam. D’ailleurs l’opéra comportera un ballet, lui aussi. Conçu à l’origine en un acte, l’ouvrage sera transformé et rallongé et comportera deux actes. C’est une sorte d’opéra “ à numéros“ fait d’une dizaine de morceaux.
C’est la légende de la danseuse nocturne, connue dans les pays slaves sous le nom de « willi ». Les willis sont des fiancées qui sont mortes avant le jour des noces, pauvres jeunes filles qui ne peuvent pas rester tranquilles dans la tombe. Dans leurs cœurs éteints, dans leurs pieds morts reste encore cet amour de la danse qu’elles n’ont pu satisfaire pendant leur vie ; à minuit, elles se lèvent, se rassemblent en troupes sur la grande route, et, malheur au jeune homme qui les rencontre ! Il faut qu’il danse avec elles ; elles l’enlacent avec un désir effréné, et il danse avec elles jusqu’à ce qu’il tombe mort. Parées de leurs habits de noces, des couronnes de fleurs sur la tête, des anneaux étincelants à leurs doigts, les willis dansent au clair de lune comme les elfes. Leur figure, quoique d’un blanc de neige, est belle de jeunesse ; elles rient avec une joie si effroyable, elles vous appellent avec tant de séduction, leur air a de si doucettes promesses ! Ces bacchantes mortes sont irrésistibles.
Acte I :
Dans un village de la Forêt noire, on célèbre les fiançailles de Roberto et Anna. Anna est triste cependant : Roberto, avant leur mariage, doit se rendre à Mayence et la jeune femme a un sombre pressentiment : elle mourra avant son retour. Roberto tente de la rassurer et quitte le village après avoir reçu la bénédiction de Guglielmo, le père d’Anna.
Acte II
La prédiction d’Anna s’est réalisée : Roberto a oublié sa fiancée dans les bras d’une courtisane. Anna, se sentant abandonnée, est morte de désespoir. Lorsque Roberto revient au village, dévoré par le remords, Anna, qui a rejoint la cohorte des Willis, l’aborde et l’entraîne dans une danse infernale à laquelle le jeune homme succombe.
C’est véritablement Roberto qui embrase vraiment l’imagination de Puccini, notamment dans la scena drammatica-romanza de l’acte II, peut-être la plus longue scène en solo de toute l’histoire de l’opéra italien. Luciano Ganci devrait y être à son affaire! et y démontrer toutes ses qualités de ténor dramatique. Peu de rôles pour amants pucciniens n’ont à s’exprimer avec autant de nuances dans l’angoisse, la passion et le désespoir, ni avec une participation aussi active de l’orchestre ! C’est un véritable paroxysme émotionnel, un beau moment de chant en perspective.
Les meilleures pages de Le Villi sont là pour montrer la force d’imagination du jeune encore Giacomo Puccini, sa fougue juvénile et sa spontanéité, et le pourquoi des réussites de tous les opéras qui vont suivre.
Orchestre national du Capitole
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