La Cinémathèque de Toulouse invite cette saison à un voyage de l’Amérique de Chaplin jusqu’à la Hongrie de Béla Tarr.
Cet automne, dans le cadre du festival Cinespaña, la Cinémathèque de Toulouse s’intéresse aux cronocrímenes, des comédies fantastiques ibériques qui, des années quarante à aujourd’hui, se jouent de l’espace-temps. On célèbrera également les vingt ans des studios d’animation TAT – société de production née à Toulouse – et on reverra les films de la Hammer, fameux studio britannique spécialisé dans le fantastique et l’horreur gothique. Les acteurs Frank Sinatra et Dean Martin partageront l’affiche à la fin de l’année, et six films exhiberont plusieurs facettes de la ville de Berlin, dans le cadre de la Semaine franco-allemande.
Un cycle printanier intitulé «Télévision et expérimentation» permettra d’évaluer la place de la recherche et de la création d’un média du futur à la télévision française, des années soixante jusqu’aux années quatre-vingt-dix. Le cinéma algérien sera célébré, à l’occasion des soixante ans de l’indépendance de l’Algérie, et des films syriens tournés au cours des dix dernières années témoigneront d’un pays en guerre. Deux programmations s’intéresseront au huis clos et à la maxrploitation (ou comment le film d’horreur s’est approprié la lutte des classes). Des cinéastes seront à l’honneur, avec des rétrospectives dédiées aux Américains Charlie Chaplin (photo) et Brian de Palma, aux Français Jean-Denis Bonan, Charlotte Silvera et Claire Denis, au Hongrois Béla Tarr, à l’Italien Roberto Rossellini, à l’Argentin Matías Piñeiro, au Chilien Patricio Guzmán.
Annoncée à l’automne, la cinquième édition du festival Histoires de Cinéma est centrée sur le réemploi des images, ou l’art de faire des films sans caméra, en reprenant à son compte des images tournées par d’autres : du documentaire au cinéma expérimental, en passant par le cinéma d’exploitation, entre objectif politique et volonté comique, sans oublier ses saignées poétiques, à l’heure de la profusion des images. Quant à l’équipe d’Extrême Cinéma, elle prépare la vingt-deuxième édition du festival incorrect de la Cinémathèque de Toulouse, avec sa dose habituelle de Cinéma Bis, films d’exploitation, blockbusters déviants et autres films cultes ou totalement oubliés… mauvais goût assuré ! À l’approche des fêtes de fin d’année, un festival dédié au jeune public propose trois jours d’ateliers, de séances accompagnées et de rencontres.
Le fil rouge de la saison des ciné-concerts rassemble des films de Mary Pickford et de Douglas Fairbanks, couple mythique d’acteurs du cinéma muet et fondateurs, avec Chaplin et Griffith, de la United Artists (société de production et de diffusion) leur garantissant une indépendance artistique et financière au sein du système hollywoodien. «Icônes du celluloïd et du papier glacé, en quinze ans de vie commune, ils n’auront véritablement joué ensemble que dans un seul film – un film parlant (« La Mégère apprivoisée », 1929) qui trahissait le déclin de leur idylle», raconte Franck Lubet, responsable de la programmation.
Dans le hall de la salle de la rue du Taur, cinq expositions se succèderont au fil des mois: les coulisses du studio d’animation TAT, pour débuter la saison ; les regards (recadrages, coloriages, détournements, etc.) portés par les artistes Hélène Bellenger et Estefanía Peñafiel Loaiza sur les collections de la Cinémathèque ; des portraits de stars et des photos de tournage signés Léo et Yves Mirkine ; les sorcières au cinéma ; l’affichiste Yves Thos, durant l’été.
Jérôme Gac
pour le mensuel Intramuros