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« Rouge-Marbre » de Michèle Teysseyre

by Administrateur

En ce début du XVIIe siècle français, un sculpteur italien, Stefano Sormano, découvre un trésor incomparable à ses yeux, le marbre rouge incarnat qui affleure non loin de Caunes, dans le Minervois occitan. Il ne va avoir de cesse alors que de dénicher les filons de cette pierre veinée de blanc.

Michele Teysseyre © Joël Attard

Avec l’aide des habitants du cru mais également d’ouvriers italiens, puis de son fils Gian Paolo, décédé en 1637 et inhumé à Narbonne, Stefano Sormano va construire une vraie route du marbre entre ce petit village et les plus grandes villes transalpines. Favorisant de facto l’essor de cette petite commune et des religieux occupant l’abbaye voisine. Ce pan d’histoire on ne peut plus véritable nous est conté, avec tout le talent que nous lui connaissons en la matière, par Michèle Teysseyre. Le pli romanesque de ce livre nous fait prendre le pas de La Colobra, une jeune femme élevant seule son enfant sourd-muet, Colobret. Celui-ci passera rapidement de gardien de chèvres à ouvrier marbrier, se passionnant pour le travail de cette roche sanguine.

Tout irait bien pour ce jeune homme, sauf qu’il garde un secret bien enfoui dans ses vêtements de garçon…

Avec une simplicité confondante, une fluidité de tous les instants, une efficacité redoutable en terme de description et un art du récit d’une lumineuse subtilité, l’auteur nous fait revivre ces courtes années qui verront la pierre ainsi taillée, sortie de son nid et partir décorer la Basilique Saint-Pierre de Rome, plus tard Versailles, plus tard encore l’Opéra de Paris. Entre autres lieux d’exception. La vie locale, autant civile que religieuse, est bousculée par cette nouvelle industrie. Cela n’empêche hélas pas les cataclysmes naturels de s’abattre sur Caunes, ainsi que la peste. Avec une authenticité de ton qui transforme ce roman en véritable chronique de cette époque, Michèle Teysseyre nous transporte en douceur mais sûrement au cœur d’une passionnante aventure humaine dont il est encore aisé aujourd’hui de visiter les vestiges sur place. N’hésitez pas !

Robert Pénavayre


« Rouge-Marbre » de Michèle Teysseyre – Editions du Cabardès

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