L’Instituto Cervantès, dont le réseau s’étend dans 90 villes réparties sur les cinq continents, célèbre cette année son 30e anniversaire. Saisissons cette occasion pour découvrir ou (re)découvrir les missions et les nombreuses activités de l’Instituto Cervantès de Toulouse en compagnie de son directeur Juan Pedro de Basterrechea Moreno.
L’Instituto Cervantès a été créé en 1991. A cette époque, la transition démocratique de l’Espagne incarnée par la « Movida », mouvement qui s’accomplit entre la deuxième moitié des années 70 et une partie des années 80, est achevée. Deux grands évènements allaient aussi faire parler de l’Espagne en 1992 : les Jeux Olympiques de Barcelone et l’Exposition Universelle de Séville. La création de l’Instituto Cervantès incarnait-elle également cette dynamique et l’ambition de faire rayonner les cultures et les langues hispaniques à l’étranger ?
Juan Pedro de Basterrechea Moreno : La mission de l’Instituto Cervantès a toujours été de promouvoir l’enseignement de l’espagnol dans le monde et de diffuser la culture de l’ensemble des pays hispanophones. Il faut savoir que l’espagnol est la langue officielle de 22 pays à travers la planète. C’est la deuxième langue de parlants natifs. Il y a de plus en plus de locuteurs. L’Instituto Cervantès aide et accompagne cette dynamique. Une institution comme la nôtre, bien évidemment, ne pouvait voir le jour que dans un contexte démocratique. La Constitution espagnole date de 1978, et la création de l’Instituto Cervantès remonte à 1991, soit seulement 13 ans après. Aujourd’hui nous sommes présents dans 40 pays et 90 villes dont il faut compter en France celles de Paris, Bordeaux, Lyon et Toulouse. L’histoire récente de l’Espagne et celle de notre réseau se sont donc écrites conjointement. D’ailleurs, cette histoire commune, et au-delà l’histoire de l’Espagne et des pays hispanophones, sont présentes en permanence dans nos nombreuses activités culturelles et artistiques. Nous participons aussi à beaucoup d’activités en partenariat avec les acteurs culturels locaux, avec le festival Cinespaña par exemple, avec le festival Flamenco de Toulouse, avec le Marathon des Mots, avec des universités, françaises ou espagnoles. Nous avons toujours été animés par cet esprit de partenariat et d’échanges. Nous organisons également des expositions, des concerts, des rencontres, des projections, des conférences-débats. C’est cela aussi, le rayonnement des cultures hispaniques.
L’apprentissage de la langue espagnole constitue-il le cœur de vos activités ?
Juan Pedro de Basterrechea Moreno : Oui c’est une mission essentielle. Nous dispensons tout d’abord des cours généraux de langue, semestriels ou annuels, ainsi que des cours intensifs durant la seconde quinzaine de septembre. Il y a six niveaux différents pour les cours semestriels et huit pour les cours annuels, tout cela à partir du niveau débutant, et quel que soit son âge. Une évaluation avant l’inscription permet de déterminer le niveau de chaque aspirant. Différents créneaux horaires sont ensuite proposés aux élèves, à raison de 60 heures d’enseignements. Il y a deux cours par semaine pour le parcours semestriel et un par semaine pour le parcours annuel. Chaque cours dure deux heures. Onze professeurs, tous natifs et dont la formation est équivalent à un Master 2, dispensent ces cours.
Parmi l’offre de cours que vous proposez figurent notamment six cours thématiques spécialisés. L’idée est-elle de permettre aux élèves de s’approprier la langue de la façon la plus vivante possible ?
Juan Pedro de Basterrechea Moreno : Absolument. Le principe est de se servir de l’espagnol comme d’un prétexte et d’un outil pour plonger dans divers aspects des cultures hispaniques. Il y a un cours d’expression orale, un autre consacré à « l’espagnol de la radio », un autre, et c’est d’ailleurs une nouveauté, sur l’histoire de l’Espagne au 19e et au 20e siècle. Nous proposons également un cours de littérature hispanique. Dans ces enseignements, nous n’utilisons pas de manuels de scolarité mais des sources premières, des documents réels à partir desquels il s’agit de développer sa compréhension et son expression orales en participant activement. Cela permet ensuite de débattre en groupe. Ce qui explique que l’inscription à ces enseignements se fasse en fonction du niveau de l’élève. Il y a aussi un cours destiné aux étudiants qui vont suivre des études spécifiques en Espagne et ont besoin d’améliorer leurs compétences générales, en particulier pour des aspects pratiques de la vie quotidienne comme l’ouverture d’un compte en banque etc. Enfin, une nouveauté que nous proposons dès cette rentrée est un cours spécialisé de culture espagnole dispensé intégralement en ligne.
La crise sanitaire et les confinements successifs vous ont-ils justement conduits à faire évoluer votre offre, en particulier pour les enseignements à distance ?
Juan Pedro de Basterrechea Moreno : Il existait déjà une offre de cours en ligne avec le programme AVE Global, organisés selon les niveaux du Cadre Commun Européen de Référence pour les langues. Donc dès le premier confinement, lorsque toutes nos activités ont basculé pour se poursuivre à distance, nous avions déjà une certaine expérience. Pour le deuxième confinement, nous étions encore mieux équipés et la quasi-totalité des enseignements ont été dispensés à distance. Les cours individuels ont également eu du succès compte tenu de la situation. Quoi qu’il en soit, cette crise nous a permis de développer, de compléter et d’affiner notre offre en ligne.
L’Instituto Cervantès permet-il aussi de passer les examens des diplômes officiels ?
Juan Pedro de Basterrechea Moreno : Absolument. Nous préparons les élèves qui le souhaitent à passer les diplômes DELE (Diplômes d’Espagnol Langue Etrangère) qui certifient le degré de compétence et de maîtrise de l’espagnol au nom du Ministère espagnol d’Education et Formation Professionnelle. Nous assurons aussi des enseignements certifiés Qualiopi dans le cadre de la Formation professionnelle à travers le Compte Personnel de Formation ou d’autres prises en charge.
Dans votre belle bâtisse de la rue des Chalets, outre les salles de classe, les espaces d’expositions, de concerts et de projections, vous disposez également d’une bibliothèque dont le fonds est extrêmement riche…
Juan Pedro de Basterrechea Moreno : La bibliothèque Manuel Azaña, du nom de cet intellectuel et homme politique espagnol mort en exil à Montauban en 1940 et qui fut président de la République espagnole de 1936 à 1939, est dotée de près de 24 000 ouvrages et plus de 5000 films intégralement en espagnol. Nous disposons d’un fonds spécialisé dans la documentation sur l’exil républicain en France. Dans le Midi, l’empreinte laissée par les exilés républicains est très importante, pas simplement par les chiffres de la population qui s’y est installée, que l’on estime entre 150 000 et 200 000 personnes dans la région toulousaine, mais aussi par les activités intellectuelles et politiques qui ont été celles des Républicains espagnols et par le rôle que ceux-ci ont par exemple joué dans la Résistance française. A cet égard, il faut préciser que depuis la création de l’Instituto Cervantès de Toulouse en 1996, et avec l’aide des directeurs successifs, nous nous sommes consacrés à la recherche et à l’acquisition de très nombreux ouvrages de Manuel Azaña ainsi que d’études et de publications concernant l’homme et son œuvre. Nous avons à l’Instituto Cervantès de Toulouse l’une des collections les plus importantes des ouvrages relatifs à Azaña existant à l’heure actuelle.
Propos recueillis par Nicolas Coulaud
Téléchargement des cours 2021/2022
Programme Culturel de septembre à décembre 2021