Colombe Schneck, le roman d’une amitié
Colombe Schneck publie Deux petites bourgeoises aux Editions Stock. Le parcours de deux jeunes filles qui se lie et de délie.
Esther et Héloïse se rencontrent en sixième. Aussitôt, elles deviennent inséparables. Leur vie est assez routinière entre l’école privée alsacienne et la vie familiale. Presque semblable à l’exception que dans l’une on vote Giscard D’Estaing, dans l’autre on prône les valeurs de Mitterrand. Qu’importe, elles n’en demeurent pas moins « deux petites bourgeoises », « deux filles à papa ». Elles passent leurs vacances dans des lieux sublimes, conscientes de leur différence, conscientes de leur chance. Ce qui ne les détourne pas pour autant des doutes de l’enfance et de l’adolescence. L’envie d’être aimée, désirée. D’aller aux fêtes organisées par le nouvel élève de l’école, un américain. Elles perçoivent également les troubles dans ce tableau de prétendue perfection. Les difficultés de couple des parents, etc. pour se protéger de tout cela, rien de tel qu’une amitié fusionnelle.
Chère amie
Les années passent, des mariages, des enfants, des déceptions, mais une constante demeure : l’amitié d’Esther et Héloïse. Amitié pas toujours idyllique. La distance, la jalousie parfois, l’incompréhension s’immisceront dans la relation. Mais cela ne durera jamais longtemps. Et leur amitié deviendra un phare, un point de repère dans leur vie qui parfois dérive. Puis Héloïse apprend qu’elle est malade. Qu’elle va mourir. Le monde s’écroule pour les deux. Mais avant, il reste la vie, celle qu’Héloïse veut vivre à fond.
Ce court roman est une ode à l’amitié. Celle qui égale ou dépasse les amours d’une vie. Il raconte aussi la bourgeoisie. Ce qualificatif parfois difficile à porter, péjoratif, et qui ne protège pas des blessures de l’existence. Enfin, l’auteur met des mots sur ce que l’on voudrait taire – pensant la faire disparaître – la mort. Un texte empreint d’une douce poésie qui affronte la joyeuse et âpre réalité.
Colombe Schneck, Deux petites bourgeoises, Stock, 140 p.
Photo : Colombe Schneck © Patrice Normand