Jean-Baptiste Andrea publie Des diables et des saints, aux éditions de l’Iconoclaste. Un récit bouleversant sur l’enfance orpheline qui a reçu – entre autres – le prix Ouest-France/Etonnants Voyageurs.
Des diables et des saints est le troisième roman de l’auteur. Un texte très bien accueilli, comme les précédents, et qui cumule des prix littéraires. Pas étonnant que cette histoire face l’unanimité tant elle en appelle à l’enfance de chacun. Au départ, un homme d’âge mûr joue du piano dans des lieux publics. Beethoven seulement. Mais qu’il joue avec ardeur au grand étonnement des passants qui s’interrogent sur la présence de ce virtuose dans des lieux aussi anonymes. Les uns s’arrêtent, les autres questionnent. Un jour, le pianiste décide de répondre à l’un d’entre eux et il lui dévoile son secret.
Une enfance volée
Le virtuose s’appelle Joseph. Joseph menait une vie normale et sereine. Jusqu’au jour où ses parents et sa sœur disparaissent dans un terrible accident d’avion. Sous les yeux de l’adolescent, le petit avion rate son atterrissage et brise à jamais la vie de Joseph. Sans famille, le voilà confié à un pensionnat religieux qui se trouve dans les Pyrénées. Les Confins. Joseph a 16 ans et n’est pas préparé à la vie qui l’attend. Le pensionnat est austère, sombre, cruel. Entre les murs de cette bâtisse sont réunis de jeunes garçons de tout âge. Des orphelins soumis à des règles de vie très difficiles, voire cruelles. Car la violence, la maltraitance font partie du quotidien du pensionnat. Les garçons vivent alors dans la peur et bien souvent dans le désir de vengeance. Joseph met du temps à trouver ses repères et à se faire accepter. D’autant plus qu’il semble être le favori du supérieur. Un après-midi, alors que le supérieur reçoit la visite d’un donateur et de sa fille, Joseph rencontre celle qui pourrait enfin illuminer un destin cabossé. Rose.
Désir de fuite
La rencontre entre les deux adolescents est de prime abord très électrique. Joseph trouve la jeune fille arrogante, tandis que celle-ci lui trouve des manières de miséreux. Joseph s’installe alors devant le piano du supérieur – celui qu’il ne doit approcher sous aucun prétexte – et se met à jouer du Beethoven avec toute la prestance qu’il lui reste et pour montrer à cette énervante inconnue qu’il n’est pas celui qu’elle croit. La jeune fille – bien que subjuguée – ne manifeste aucune réaction contrairement au père qui vient d’entrer dans le bureau avec le supérieur. Joseph se fige, le supérieur semble très mécontent, mais l’invité lui applaudit avec transport. Ce petit est un génie, il doit absolument donner des cours à sa fille. Cela ne convient à personne, mais le riche donateur a le dernier mot. Dès lors, Joseph se rend souvent chez Rose. Les entrevues sont glaciales. Mais pour combien de temps ? Leurs silences et leurs secrets se feront-ils écho ? Et surtout Joseph trouvera-t-il l’étincelle ultime pour fuir sa tragique ?
Jean-Baptiste Andrea possède l’art subtil de décrire l’adolescence et ses émois. Il tient aussi en haleine en faisant osciller le lecteur entre angoisse et espoir. Tout cela emporté par une écriture poétique et forgé dans l’âpre réalité. Un troisième roman totalement passionnant !
Jean-Baptiste Andrea, Des diables et des Saints, Iconoclaste, 368 p.